Une autre façon «française» de rendre hommage à un pays martyr «algérien», loin de toute susceptibilité politique... Pendant deux journées bien pleines, les 10 et 11 février, la littérature algérienne a été à l'honneur «au 13e Maghreb des livres de Paris». Cette manifestation annuelle organisée par des «nostalgiques de l'Algérie», les membres de l'association Coup de soleil, des amis qui ne veulent surtout pas couper les ponts avec un pays, certes fait de déchirure et de blessures mais aussi et surtout un pays de beauté et d'hospitalité. Des rencontres-débats, des cafés littéraires et des séances de dédicace ont été au programme de ces deux journées qui ont drainé une foule considérable à la mairie du 13e arrondissement de Paris. Les nombreux visiteurs, autochtones ou touristes, Arabes ou Européens, Français et Maghrébins ont eu le plaisir d'approcher, de près, leurs auteurs préférés, de débattre d'un sujet qui leur tenait à coeur ou tout simplement d'être là, de voir les nouveautés et d'écouter les sujets d'actualité. En raison du transfert de la manifestation vers une surface qui se retrouve réduite de 2500 à 1000 m², des activités comme l'espace revue, l'espace jeunesse ou l'espace vidéo ont été supprimées. Le nombre des auteurs invités a aussi diminué de 232 à 134. Tout au long des deux journées, auteurs, journalistes, universitaires, sociologues, anthropologues, bédéistes et historiens se sont relayés; chacun dans son domaine s'est vu prendre part à un rendez-vous auquel il voulait apporter un plus. D'ici et d'ailleurs, Français mais aussi Algériens de coeur ou Algériens mais Français par résidence, tels Anouar Benmalek, Mohamed Kacimi, Noureddine Boukrouh, Mutapha Chérif, Malek Chebel, Fadéla M'Rabet, Nassira Belloula, Noureddine Saâdi, Kader Mehdi, Mohamed Arkoun, ou comme Alice Cherki, Yves Lacoste, Josette Audin, Henry Alleg, René Gallissot ou encore Paul Piro, tous ont, d'une manière ou d'une autre, marqué leur présence à cette manifestation en y apportant une touche personnelle, parfois objective, parfois subjective, mais toujours empreinte d'une émotion quelconque, puisée quelque part, au fin fond de quelque chose... «La liberté de la presse dans les pays du Maghreb» a fait l'objet d'une rencontre proposée lors de ce salon, où, Omar Belhouchet, directeur d'El Watan, Daniel Junqua de Reporters sans frontières et Driss Ksikès, de Nichane au Maroc, étaient tenus, chacun pour sa part, de parler de la situation de la presse dans son pays. La littérature algérienne à l'épreuve des langues, les femmes maghrébines, facteur d'intégration? L'intégration dans les banlieues, l'Islam et le dialogue des civilisations, la révolte et la résistance dans le roman, la main, Albert Camus et bien d'autres thèmes encore ont été abordés lors de cette manifestation. Des hommages ont, également, été rendus à des amis de l'Algérie tels que, André Mandouze, Edmond Charlot, Abdelmalek Sayad et Pierre Vidal-Naquet. Avec de l'émotion dans le regard, un tremblement dans les mains, la douceur de la caresse portée au livre, les larmes dans les yeux, beaucoup de mots ont été dits sans être dits... A la rudesse dans les propos, la voix hautaine dans la critique, les excès de l'intonation, la volonté flagrante de vouloir «caresser dans le sens du poil» et la manière de détourner certains faits et certaines situations d'actualité, beaucoup a été «non-dit»... Cette manifestation culturelle qui en est à sa 13e édition, commence à s'imposer sur la scène culturelle française malgré les difficultés de l'actualité quotidienne, et tente, à chaque rendez-vous, de bâtir et de jeter un pont «littéraire» vers un pays du Maghreb donné, afin de permettre une continuité historique et culturelle que des politiques tentent d'entacher ou de ternir et d'accéder ainsi à un degré de maturité et d' «intellectualisme» qui nous mettent au-dessus de toute considération subjective ou raciste...