Avec l'association Chrysalide, le printemps s'annonce bien, au rythme des couleurs, des mots et de l'humour. Nonobstant l'événement ponctuel, Noir sur Blanc, dont l'action est goupillée par la coopérative théâtrale Les compagnons de Nedjma (Sétif), l'association Gertrude II (Lyon) et l'association Chrysalide (Alger), cette dernière avait émis la gageure d'organiser des rencontres culturelles mensuelles à Sétif, après avoir trouvé écho à sa cause et fidélisé une tradition dynamique, autour d'un public de plus en plus nombreux, dans la capitale des Haut-Plateaux de l'Ouest. Il ne faisait aucun doute qu'il était temps de faire sortir ces énergies et de les faire découvrir...aussi aux Algérois. En effet, Sétif regorge d'artistes et de talents qui méritent davantage d'attention. Ainsi a germé l'idée d'organiser une semaine culturelle sétifienne à Alger. Sans prétendre faire des miracles ni de verser dans l'étalage événementiel creux, l'association Chrysalide s'est donné plutôt pour but l'émergence d'une réflexion autour de l'art en étant un laboratoire de création où naissent les expressions artistiques contemporaines, sous toutes leurs formes. De là, s'établit l'échange. Aussi, c'est partant de ce concept d'ouverture qu'a germé l'idée de cette semaine qui englobera plusieurs disciplines, à savoir la littérature, la peinture et l'art scénique (le monologue). Ainsi, la galerie «Art en liberté» que gère une autre artiste, Wahiba Adjali, a bien accepté de «s'attabler» à ce projet, en ouvrant les portes de sa galerie, jeudi prochain, pour recevoir du 1er jusqu'au 8 mars, les artistes de Sétif, avec au programme, à 15h une vente-dédicace des livres d'Omar Mokhtar Chaâlal: Kateb Yacine: l'homme libre et Le fugitif; à 16h, vernissage des oeuvres des artistes-peintres Mohammed Ferkous, spécialiste en art abstrait, Abdellah et Kamel Souissi qui excellent dans la peinture de bandes dessinées et Ghedjati. Ce dernier, plasticien, tient depuis deux ans maintenant, une galerie d'art à Sétif, à vrai dire une véritable bouffée d'oxygène pour les jeunes artistes de la ville et notamment, ceux cités plus haut. Contacté par nos soins, Ghedjadi nous confie son parcours de plasticien: «Actuellement, je suis en train de préparer et couvrir ma trentaine de tableaux que je vais exposer à Alger... Mon style repose sur un travail de recherche entamé il y a longtemps, en abordant notre richesse culturelle algérienne, notamment les gravures du Tassili, la calligraphie. Aujourd'hui je suis sorti du graphisme, je reviens à la gravure, je peins aussi la femme...Mon style est un mélange d'expressions...Ma galerie accueille des artistes d'ici mais aussi des jeunes d'ailleurs, récemment, une jeune femme d'Alger. Il faut dire que c'est la seule. Il n'y a pas de galeries à Constantine, ni à Annaba, ni à El Eulma.» Un témoignage fort éloquent qui en dit long sur le marasme culturel qui frappe les villes de l'intérieur ainsi que le manque flagrant d'infrastructures culturelles et artistiques pour ces jeunes. «Sétif sur un plateau...algérois» se poursuivra le lundi 5 mars. C'est au tour de la librairie des Beaux-Arts d'Alger-Centre d'accompagner ce projet en abritant, à 15h, «La Question», la rencontre littéraire hebdomadaire de l'association Chrysalide qui se traduit par un débat littéraire, avec l'auteur et enfant de Sétif, Omar Chaâlal pour son roman Le fugitif (paru aux éditions Casbah, Alger 2006) accompagné de lectures d'extraits. Le jeudi 8 mars, la galerie «Arts en liberté» revient. Non pas pour célébrer la fête de la femme, mais pour clôturer en beauté cette semaine. Place à l'humour grinçant. A 15h, aura lieu un monologue intitulé Le retard de Toufik Mezaâche. D'une durée de 1h15mn, ce one man show est réalisé par la Compagnie des arts et de la culture de Sétif. 1er Prix au Festival du monologue de Constantine en 2006, il a, également, reçu le Prix du meilleur acteur lors du 5e Festival international du printemps au Théâtre de Sousse, en Tunisie. T.Mezaâche est souvent présenté comme le digne successeur de Fellag. Associant musique et mimes, ses monologues sont débités en une suite étourdissante de situations plus loufoques les unes que les autres. Il choisit le registre de la caricature pour dépeindre notre société aujourd'hui. Agé de 44 ans, Mezaâche a débuté sa carrière théâtrale en 1990 et participe, outre la scène, à de nombreuses émissions télévisées. Son show Le retard, fait l'éloge du retard dans notre société: Arkoub, le personnage, arrive en retard pour présenter sa chanson...Le clou de cette journée dédiée aux artistes de Sétif, est un spectacle «Slam-Sraoui» qui sera animé par Fatma Hchaïchi, Nawel Kherra et Mohsen Zamouchi.