« Le théâtre et le comédien déguisé en héros sont une entrave au lieu d'une aile de l'imagination : ils sont trop près, trop définis, trop lourds, trop peu rêve et vol d'oiseau », c'est cette citation de Nietzsche qui a inspiré Hjar Bali (pseudonyme de Djalila Kadi Hnifi, présidente de l'association Chrysalide) pour appeler la pièce théâtrale qu'elle a écrite et mise en scène, Rêve et vol d'oiseau. Produite par l'association culturelle Chrysalide et coproduite par Gertrude II (Lyon), une structure de création pluridisciplinaire, la pièce se décline en un acte et quatre scènes, dans un décor contemporain. Pour son auteur, « les outils du théâtre contemporain permettent toutes les libertés ». Libertés, entre autres, pour faire un zoom sur un « drame de la vie », somme toute ordinaire et, cependant, porteur d'interrogations et de réflexion. Un « drame de la vie » reconstitué à travers un couple, la quarantaine, un grand père et trois jeunes « intrus » nommés Farid. Chacun étant une caricature de sa génération, comme l'explique Hajar Bali, « celle du vieux : nostalgique d'une période héroïque passée ; celle du couple : désillusionnée, fatiguée ; celle des jeunes “intrus” : violente et dominée par une obsession commune ». Existentialiste, cette pièce met l'accent sur la similitude des protagonistes dans leur « incapacité à être acteur de leur vie » ainsi que, dans un certain sens, sur le conflit de génération de part l'enfermement de chaque personnage dans son propre monologue. Les comédiens, pour la plupart membres de Chrysalide, sont presque tous amateurs. Ils évolueront dans un théâtre qui n'est pas théâtral, comme l'explique Hajar Bali : « Le recours au dispositif scénique blanc détache la scène de l'espace classique du plancher et permet au regard, par l'éclairage précis et le choix des couleurs et du décor une élévation vers notre propre espace-temps. A la fois détaché et concerné. » Rêve et vol d'oiseau est l'acte III d'une étroite collaboration entre Chrysalide et Gertrude II qui a démarré en 2002, nommée Noir sur Blanc dont la devise se résume en recherche, formation et création. L'acte I, baptisé « A la recherche de liens d'amour », avait eu lieu à Lyon, en 2002-2003, dans le cadre de l'Année de l'Algérie en France. Plusieurs actions avaient été entreprises dans différentes disciplines (théâtre, lecture publique…), dont une formation à la lecture, prodiguée aux élèves de l'Ecole nationale d'art dramatique d'Alger. L'acte II de Noir sur Blanc a eu lieu à la maison de la culture de Sétif et son théâtre municipal, en 2005. Il s'agissait d'activités culturelles centrées sur les nouveaux langages et les nouvelles formes d'expression (lecture publique, théâtre contemporain, cinéma…). En parallèle, le TNA avait accueilli une formation à l'histoire du théâtre, sous la direction de Monique Hervouet. Et l'acte III dont il est question, aujourd'hui, fera la clôture de la semaine d'action à l'Opéra de Lyon, au printemps 2007, après avoir été présenté à Alger (salle Ibn Zeydoun), avant la fin de l'année. En parallèle et durant la création de ce spectacle, des techniciens de Sétif et d'Alger ont bénéficié d'une formation technique et artistique dispensée par Claude Couffin, éclairagiste Guillemette Grobon, directrice artistique de Gertrude II.