Le tribunal criminel de Blida a rendu son verdict par contumace contre les prévenus en fuite. Les peines relatives au jugement par contumace des 11 accusés dans l'affaire Khalifa et qui demeurent toujours en fuite, ont été prononcées, jeudi matin, par Mme Brahimi, présidente du tribunal criminel près la cour de Blida. En effet, et en l'absence des jurés et face à une salle quasi vide comparé au verdict de mercredi où les familles des accusés étaient venues en force, la juge annonce un verdict attendu et qui avait laissé indifférents les occupants de la salle. Le principal accusé dans l'affaire, est en l'occurrence Abdelmoumen Khalifa, ex-président-directeur général du défunt groupe Khalifa. Mme Brahimi annonce la perpétuité à son encontre. L'autre peine lourde concerne aussi Krim Smaïl, Bouabdellah Salim Moulay, Baïchi Fouzi, Nenouche Mohamed, Kebbache Ghazi et Abdelwahab Keramane, pour 20 ans de prison ferme, et ce, pour constitution d'association de malfaiteurs, de vol, fraude et escroquerie, abus de confiance et falsification de documents bancaires...On relève aussi une condamnation à 15 ans de prison ferme contre Taïbi Sakina pour association de malfaiteurs, fraude et escroquerie, vol, et abus de confiance. Pour sa part, Keramane Abdenour, ancien ministre de l'Industrie et Yasmine, sa fille, qui représentait Khalifa en Italie, écoperont d'une peine de 10 ans de prison. Notons que lors du réquisitoire du procureur de la République, prononcé mercredi tard dans la soirée, M.Abdelli avait demandé des peines de prison à perpétuité pour les 11 accusés en fuite. A la fin du verdict, Mme Brahimi annonce que tous les biens de ces 11 accusés seront tout simplement confisqués. Après le verdict, la juge demanda aux avocats de déposer leurs requêtes afin de trancher, après délibération, sur la désignation de la partie civile. Cette dernière recevra, à travers l'opération de liquidation, les sommes d'argent des déposants et se chargera, à son tour, de les rendre aux ayants droit. En ce moment, les cris de détresse ont encore jailli dans la salle. La soeur de Mustapha Menad a, en effet, piqué une crise en criant: «On a brisé toute une famille et ma mère est dans le coma après avoir appris cette nouvelle.» Toutefois, la juge réserva toute une salle pour que les accusés puissent voir de plus près leurs familles. La juge informa, par ailleurs, les présents que la Banque d'Algérie pouvait se constituer partie civile et dont la réparation doit être prise en charge par Abdelmoumen Khalifa, au dinar symbolique seulement. L'autre partie civile acceptée est la Banque El Khalifa, en liquidation. C'est cette dernière qui s'occupera de récolter l'argent perdu des déposants au courant de l'opération de liquidation pour le reverser aux ayants droit. N'étant pas convaincu de cette information, le représentant de l'association des victimes de la banque d'El Khalifa a crié son indignation très fort dans la salle. En le voyant agir de la sorte, les services de sécurité ont essayé de le calmer. En voulant le convaincre, Mme Brahimi a intervenu en donnant l'ordre aux agents de sécurité de le laisser venir s'exprimer. A l'aise et d'un air sûr et rassurant, elle lui dira: «Ne vous inquiétez pas, tout le monde aura son argent et son droit. Dans le pire des cas, il y a un Etat quand même». Cette réponse semblait enfin convaincre le contestataire. Les dernières minutes de ce procès furent agréables et tristes à la fois. Enfin, tout le monde pouvait approcher la juge. Cette dernière semblait, ce jeudi tard dans la soirée, fatiguée mais libérée après avoir jugé une affaire qui n'a que trop duré. «Croyez-moi, je n'ai pas dormi depuis trois jours», lança-t-elle. Avec ses assesseurs, elle remercia, salua les présents et quitta la salle.