Les bailleurs de fonds n'ont pas tenu leurs engagements, eux qui n'ont pourtant pas manqué de saluer la naissance de cette initiative. «Nos partenaires ont pris des engagements pour un accompagnement effectif dans la mise en oeuvre des projets du Nepad. Ces engagements n'ont malheureusement pas été tenus comme nous l'aurions souhaité, et ils ne sont pas toujours exempts de calculs qui servent davantage leurs intérêts que ceux de notre continent», a affirmé, hier, le président Abdelaziz Bouteflika, dans son discours d'ouverture du Sommet de réflexion sur le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad), tenu au Palais des Nations. Le constat est tranchant et prend les allures d'un reproche vis-à-vis des pays développés. Les bailleurs de fonds n'ont pas accompli leur part de marché, eux qui n'ont pourtant pas manqué de saluer la naissance de cette initiative, et ce, en dépit des grands efforts consentis par le continent noir, défendent les fondateurs du projet ayant fait le déplacement à Alger. Le G8 et l'Union européenne assument en partie la responsabilité, à en croire le président Bouteflika, et les «lacunes» de ce projet, qui a suscité beaucoup d'espoir chez les Africains. «Nous ne pouvons pas passer sous silence, a-t-il souligné, les nombreuses insuffisances mises en relief, lors de la mise en oeuvre des projets de développement initiés dans le cadre du Nepad. Les principales d'entre elles concernent l'insuffisance des ressources financières locales et internationales, et la nette faiblesse du capital privé local et celle de l'investissement direct étranger.» Cette réticence n'a aucun argument. Et pour cause, afin de garantir une meilleure transparence dans sa sphère économique et lutter contre la corruption, l'Afrique, rappelle le président Bouteflika, a instauré le mécanisme d'évaluation par les pairs. Un outil pour instaurer les bases d'une bonne gouvernance. Perçu comme une gage de bonne volonté par ses dirigeant à l'égard des pays riches, qui ont souvent mis en exergue l'absence de transparence dans la gestion des fonds. Sur ce point, le président algérien a laissé entendre que ce Mécanisme est un outil de manipulation et de pression pour les bailleurs de fonds. «Il faut absolument qu'on mette ce mécanisme à l'abri de l'utilisation à des fins répréhensibles de coercition ou de pression», précise-t-il. En l'absence de tous les chefs d'Etat arabes concernés par ce processus, et en présence des «pères fondateurs» de ce projet, Bouteflika a défendu bec et ongles le Nepad, critiqué, faut-il le noter, même à l'intérieur de l'Afrique. Il a soutenu, dans ce sens, que le Nepad est né du constat par lequel toute l'Afrique a été d'accord quant à sa marginalisation persistante et croissante sur le plan international, et de l'échec des tentatives menées antérieurement pour la sortir de son sous-développement. Il a insisté sur les efforts déployés ces cinq dernières années sur la base de cette approche méritoire, car ils illustrent la prise en charge des affaires politiques et économiques du continent. «Cet engagement direct des Africains a permis de réduire les opportunités d'interférences étrangères ainsi que les espaces de conflit et d'instabilité. Il a permis également de les impliquer de façon directe dans le rétablissement et le maintien de la paix.» «Il nous a permis de mieux appréhender nos priorités économiques», a-t-il souligné. Les taux de croissance «positifs» enregistrés depuis quelques années par un grand nombre de pays africains, une moyenne de 5,4%, «ainsi que l'élargissement constant des espaces de droit et de démocratie, tout autant que la diminution du nombre de différends et de conflits armés qui sont assurément à inscrire à l'actif de cette dynamique». Six ans après son lancement, le Nepad va subir néanmoins «des rectificatifs». A commencer par l'intégration du secrétariat exécutif du Nepad à l'architecture globale de l'Union africaine. Cependant, le président nigérian, Olusegun Obasanjo, a déclaré au cours de la conférence de presse que «l'intégration du secrétariat du Nepad dans la commission exécutive de l'UA ne se fera pas avant une année de transition» et d'ajouter que «la commission de suivi sera élargie à d'autres pays». Ainsi, avec le temps, le Nepad apparaît comme faisant double emploi avec l'action de l'Union africaine en matière de promotion du développement socio-éconornique. Les instigateurs craignent une insuffisance de coordination en la matière avec l'UA dont le Nepad est en fait l'émanation. «C'est une distorsion qu'il est urgent de rectifier», assurent les participants. Par ailleurs, nous apprenons que de cette alliance naîtra «l'Agence de développement pour l'Afrique», une instance dite de coordination devant assurer cette transition. En outre, le président ghanéen, M.Jhon Kufior présent au sommet, a révélé une initiative proposée par l'Afrique du Sud, visant la création d'un Fonds panafricain pour le développement des investissements dans le secteur des infrastructures de base. Par ailleurs, le nouveau secrétaire exécutif du Nepad a soutenu qu'il est opportun pour l'Afrique d'identifier des projets spécifiques pour assurer la pérennité de ce programme.