Une voix kabyle imprégnée de chaâbi, un Petit Matoub doublé d'un Kamel Messaoudi. Il y a de ces voix qui vous marquent et vous transportent loin, rien qu'en les écoutant. Faites de chaleur et de sensibilité, ces voix s'infiltrent en vous en témoignant d'une pureté et d'une sensualité. Kamel Bouyacoub est de ceux-là. Très proche de celle du défunt Matoub Lounès -certains l'appelant même le Petit Matoub-, imprégnée de chaâbi avec une touche d'amour et de nostalgie très vite décelable, à la première note chantée, la voix de Bouyacoub a très vite percé dans la sphère de la chanson kabyle. Rencontré lors d'un gala de solidarité auquel il participait avec d'autres chanteurs, cet artiste, certes, talentueux mais très peu bavard, préférant donner la parole à sa guitare, nous a toutefois, gentiment et timidement, accordé ce petit entretien. A quand remontent vos débuts dans la chanson? J'ai commencé la chanson en Algérie en 1992. Vous imaginez bien qu'à cette période les choses n'allaient pas bien chez nous, surtout dans le domaine artistique. Mais je participais tout de même à des galas qui se voulaient surtout une façon d'apaiser les souffrances. Pourquoi l'exil? En fait, l'idée de partir vers d'autres cieux et conquérir d'autres terres m'a accompagné depuis toujours. J'ai fini par la concrétiser en 1999. La situation de crise que vivait le pays m'a encouragé quelque peu. Je voyais que je ne pouvais évoluer dans mon domaine artistique qui me tenait tellement à coeur. Je suis allé donc à Paris et là, petit à petit, j'ai réussi à me trouver une place dans un monde qui me fascinait, me fascine et me fascinera toujours. Comment s'est fait votre démarrage? En fait, Dieu merci, je n'ai pas eu de difficulté à m'intégrer car la même année de mon arrivée, c'est-à-dire en 1999, j'ai pu me produire au Zénith de Paris. Ce fut mon premier spectacle et c'était le 25 juin, date de commémoration de la mort de Matoub Lounès qui a toujours été mon idole et qui le restera à jamais...Ce fut une soirée mémorable...et, depuis, ça n'arrête pas. Vous avez donné beaucoup de spectacles depuis? Oui, énormément. Beaucoup de salles et de villes d'ici, quatre fois le Zénith, Metz, Bordeaux, Marseille, Roubaix, Lyon, Espace Reuilly, Petit gymnase, ainsi qu'en Belgique, en Angleterre. D'autres spectacles sont prévus pour cette année. Que chantez-vous sur scène? C'est sûr que c'est du Matoub et toujours du Matoub...Je ne m'en lasserai jamais. C'est celui qui m'a toujours inspiré. C'est une source inépuisable et intarissable, malgré sa tragique disparition qui nous marque encore et nous marquera toujours. Et votre penchant pour le chaâbi? Ou le néo-chaâbi, pour être dans le temps? Ah, ça aussi, c'est une histoire d'amour qui nous lie. J'aime beaucoup le chaâbi et je suis un fervent fan de Kamel Messaoudi, lui aussi disparu très jeune, hélas! Je chante souvent son répertoire qui m'a beaucoup marqué et dans lequel je me sens bien...c'est très expressif et profond. Pour ce qui est de cette appellation “néo-chaâbi”, je trouve que ce n'est pas du tout un tort, il n'y a pas de mal à vouloir moderniser un genre musical avec des instruments nouveaux et une sonorité nouvelle, pour peu qu'on n'altère pas son origine. Vos projets. Je prépare un album qui sortira bientôt. Il y aura des textes à moi; et puis j'ai plein de rendez-vous prévus en France et à Alger à l'occasion du Printemps berbère, ainsi qu'un gala-hommage, le 3 mai, à Akbou et d'autres dates encore..