Le président du Comité militaire de l'Otan, est-il venu en pompier, afin que les relations algéro-américaines ne prennent pas un «coup de froid»? En visite officielle en Algérie, le général d'armée, Raymond Henault, président du Comité militaire de l'Otan, a affirmé que l'Algérie est l'un des pays «les plus actifs» dans le dialogue méditerranéen, notamment dans la lutte antiterroriste. Le général d'armée Henault, qui s'exprimait lors d'une conférence de presse a, en outre, précisé qu'Alger participe activement dans les programmes de l'Alliance nord-atlantique, notamment dans le programme Activ Endeavour («participation active», ndlr) de lutte antiterroriste. Il a affirmé aussi que l'Otan travaille «étroitement» avec l'Algérie pour améliorer l'échange d'informations et de renseignements, et qu'il y a beaucoup d'avantages pour l'Otan à poursuivre cette collaboration avec l'Algérie, car, a-t-il dit, sa lutte contre le terrorisme est «reconnue au niveau mondial». Raymond Henault a aussi relevé que l'Algérie possède des capacités et connaissances opérationnelles qui peuvent aider tous les pays de l'Otan, y compris ceux du dialogue méditerranéen «à mieux faire face aux défis du terrorisme». Sur les entretiens qu'il a eus avec les hauts responsables politiques et militaires, au cours de sa visite, le général d'armée Henault a dit que «cela nous a permis de nous informer sur les inquiétudes et les objectifs des Algériens, d'un point de vue militaire et politique, dans le cadre de ce dialogue». Sur l'importance de la sécurité et de la souveraineté de l'Algérie, le général d'armée a souligné que l'Otan, «est consciente du désir de ce pays, quant à la souveraineté, comme cela a été soulevé très clairement», a-t-il dit, lors de ses rencontres, notamment avec le chef du gouvernement et le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, ainsi qu'avec les responsables militaires. Il est clair sur le dernier point que le refus catégorique opposé par Alger à la «demande non formulée» des Etats-Unis d'établir des bases militaires au Sahara pour contrer la menace terroriste, a été au centre des débats. On se souvient des déclarations du chef de la diplomatie algérienne, Mohamed Bedjaoui, sur les ondes de la Chaîne III: «L'Algérie n'acceptera pas l'installation sur son territoire de bases militaires, quel que soit le pays auquel elles appartiennent». Cette déclaration, qui était intervenue une semaine après la visite à Alger, de la sous-secrétaire d'Etat américaine à la diplomatie politique, Karen Hughes, avait lancé la polémique autour de l'installation de bases militaires US en Algérie. Ce à quoi répondra l'ambassadeur des Etats-Unis en Algérie, Robert Ford, deux jours plus tard: «Ecoutez, il n'existe pas de base militaire américaine en Algérie. A aucun moment nous n'avons demandé d'établir une base militaire en Algérie, et nous ne demandons pas. Moi-même, je n'ai pas entendu que des officiels américains avaient formulé pareille demande». Le général d'armée, Raymond Henault, président du Comité militaire de l'Otan, est-il venu dans ce cas, en Algérie en pompier, afin que les choses ne prennent pas un «coup de froid»? Possible, dans la mesure où il encense la position algérienne, «quant à sa souveraineté, comme cela a été soulevé très clairement». Washington, qui agit avec l'Otan comme d'un appendice, sait qu'elle aura encore besoin d'Alger, aussi bien dans les affaires énergétiques que dans celles relevant du terrorisme dans la triple région du Maghreb, du Sahara et du Sahel, et doit, de ce fait, non pas uniquement ménager ses «alliés», comme l'Algérie, mais aussi faire très attention à ne pas en exacerber les susceptibilités, à un moment charnière de l'extrême fragilité de l'administration Bush dans ses relations avec le monde arabe et musulman. Placée au coeur de la stratégie antiterroriste au Sahel, l'Algérie peut, bien sûr, se permettre de dire non à la première puissance du monde. Les relations entre les deux pays sont devenues à ce point fortes pour ménager tous les écarts. L'Algérie est classée deuxième partenaire des Etats-Unis dans le monde arabe. Le volume des échanges entre les deux pays a atteint 15,5 milliards de dollars..