Contrairement au Maroc où une méga-base militaire est en construction, le sol algérien devra rester hors de portée du matériel de guerre et des troupes de l'OTAN. Après les USA, dans le cadre du dispositif Africom, c'est au tour de l'organisation atlantiste d'essuyer une rebuffade. Diplomatique. Le général d'armée, Raymond Hénault, président du Comité militaire de l'Alliance atlantique qui vient d'achever une visite officielle en Algérie jeudi dernier, a dû se rendre à l'évidence que l'Algérie n'est pas disposée à offrir son territoire pour l'installation de bases militaires. Le niet exprimé récemment par son ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, par rapport à cette perspective, est ainsi loin d'être une simple déclaration de circonstance destinée à la consommation interne. Elle traduit plutôt une tendance lourde et une option stratégique en Algérie qui exclut catégoriquement l'installation de bases militaires sur son territoire quand bien même la proposition est emballée dans la lutte antiterroriste. « Cela nous a permis de nous informer sur les inquiétudes et les objectifs des Algériens, d'un point de vue militaire et politique, dans le cadre de ce dialogue. » Voilà qui confirme l'objet de l'ordre de mission du général Raymond Hénault à Alger, à savoir tenter d'obtenir un feu vert du moins une explication des autorités algériennes concernant leur refus d'une présence militaire de l'OTAN chez elle. En désespoir de cause, Raymond Hénault a concédé que son organisation « est consciente du désir de ce pays (l'Algérie) quant à sa souveraineté, comme cela a été soulevé très clairement ». L'arrivée en Algérie de cet émissaire de l'OTAN, enrobée officiellement dans la formule « passe- partout » du dialogue méditerranéen, n'a tout de même pas fait plier les autorités algériennes à céder sur cette question stratégique, considérée à juste titre d'ailleurs comme une affaire de souveraineté nationale. Et ce n'est pas faute d'avoir essayé, puisque le général Raymond Hénault a fait le tour des décideurs politiques et militaires algériens dans l'espoir d'obtenir ce pourquoi il était venu. Il a en effet eu des tête-à-tête successivement avec le chef du gouvernement et le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, ainsi qu'avec les responsables militaires dont le chef d'état-major, Gaïd Salah. Mais manifestement, le négociateur de l'OTAN a eu la réponse de la part de ses différents interlocuteurs parmi les responsables algériens. Pays pivot, mais souverain... Intraitable sur le dossier des bases militaires, l'Algérie n'en reste pas moins un allié et un partenaire incontournable de l'OTAN dans la Méditerranée et la sous-région sahélo-saharienne. C'est un peu la quintessence du discours qu'a tenu Raymond Hénault, qui a insisté sur la « poursuite de l'importante relation qui lie l'Algérie et l'OTAN dans le cadre du dialogue méditerranéen ». Et pour cause, l'Alliance atlantique considère l'Algérie comme un pays pivot de la région, notamment dans la lutte contre le terrorisme. Le général Raymond n'a pas manqué du reste de souligner « le leadership que le pays a su démontrer », ajoutant que l'Algérie est l'un des pays « les plus actifs » dans le dialogue méditerranéen. Sur ce plan, l'émissaire de l'OTAN a reconnu jeudi dans une conférence de presse que l'Algérie « participe activement » dans les programmes de l'Alliance nord atlantique, notamment dans le programme Endavour de lutte antiterroriste. Et à défaut d'obtenir une présence militaire sur le sol algérien, l'OTAN ne s'empêche pas de « travailler étroitement avec l'Algérie pour améliorer l'échange d'informations et de renseignements ». Autant l'Algérie est dans son bon droit de refuser l'établissement de bases miliaires, autant l'organisation a tout à gagner à poursuivre ce partenariat. « Il y a beaucoup d'avantages pour l'OTAN à poursuivre cette collaboration avec l'Algérie, car sa lutte contre le terrorisme est reconnue au niveau mondial », a commenté M. Raymond. Il en veut d'autant plus que l'Algérie possède « des capacités et des connaissances opérationnelles qui peuvent aider tous les pays de l'OTAN, y compris ceux du dialogue méditerranéen à mieux faire face aux défis du terrorisme ». C'est justement le défi partagé par les six pays sud-méditerranéens qui font partie de ce dialogue que sont l'Egypte, Israël, la Mauritanie, le Maroc, la Tunisie (février 1995) et la Jordanie (novembre 1995) avant qu'ils ne soient rejoints en 1994 par l'Algérie. A rappeler que le secrétaire général de l'OTAN, Jaap de hoop Scheffer, a effectué en novembre 2005 une visite en Algérie, qualifiée alors « d'historique ». De son côté, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, s'est rendu le 20 décembre 2001 au QG de l'organisation de l'Alliance atlantique à Bruxelles.