La femme est pour cette demi-journée de fin mars la reine, ou du moins l'homme se plaît à le lui faire croire. Ce 8 mars, les hommes n'offriront que des roses en plastique à des femmes qui ont hélas, l'habitude de recevoir plutôt autre chose, sinon des coups, du moins le déni de toutes sortes au lieu de sourires et autres amabilités tant dans la rue que dans le foyer. La femme ayant soif de reconnaissance et de respect de l'autre, essaiera de croire ou fera comme si, bien qu'au fond d'elle-même elle sait que rien n'est vrai. Les déclarations de grand amour aussi fausses que la rose en plastique, des serments vite oubliés ou encore des promesses de jours meilleurs reléguées bien vite au magasin des accessoires. Le 8 mars dans l'après-midi, les femmes se paieront un peu de lèche-vitrines et certaines s'offriront un moment de détente, les unes, du moins en ville, se rendront en quelque lieu de loisirs et les autres se reposeront peut-être un peu des tâches ménagères pour ne les reprendre que le soir car il faut bien que la «vie» continue. C'est la fille qui prépare à manger, c'est elle qui veille avant de songer à dormir que les enfants ont ce qu'il faut. Passe encore pour la citadine qui, de temps à autre, peut «voler» quelques moments de détente, mais qu'est-il de la paysanne? Elle n'a que ses yeux pour pleurer quand, après une harassante journée aux champs, elle doit se mettre devant les fourneaux et faire de sorte à préparer des mets succulents avec rien. Les choses iraient encore si l'époux, maître et seigneur selon la loi et les coutumes, ne se met pas de la partie avec comme «récompense» souvent des coups. Oui, il y a encore des femmes battues Oui, les femmes sont minorées. Elles le sont, d'abord par ceux-là qui se sont engagés à les protéger, mais elles se taisent car la société est difficile. Au travail, les textes lui reconnaissent certes, les mêmes droits que l'homme, mais la réalité dépasse souvent la fiction. Elle est la «proie» des malades et des «chefs» imbus de leur autorité s'autorisant souvent des privautés condamnables, et la femme qui «réplique» ou qui se «défend» est mal vue et même poussée vers la porte de sortie et si elle cède alors, elles est une fille de mauvaise vie. En ville ou à la campagne, elle est la première à en pâtir des conditions sociales pénibles ou difficiles de la famille. Elle est déscolarisée la première même si souvent, elle est plus intelligente que le garçon. Les filles qui travaillent ne sont pas mieux loties que les autres. Ou elles sont sur des postes de préemploi très souvent mal payées avec seulement 2000 à 3000DA le mois et avec cela, elle doit subvenir à ses besoins: vêtements, frais de transport et autres, ou alors, elle doit participer aux frais de la famille et en sus constituer son trousseau. Aujourd'hui, on ose lui offrir une fleur et pourquoi offrir des fleurs à une minorée à vie? Autant continuer comme d'habitude sans hypocrisie aucune. Khedoudja, elle, est une femme divorcée, et dans notre société pour une divorcée c'est l'enfer! Elle raconte sa terrible vie de recluse et de femme sans secours. «Je ne travaille pas et je vis au crochet de ma famille. Mes frères me surveillent, croyant que je suis sujette à toutes les entourloupettes. Je ne vis plus car pour le moindre centime, je dois le quêter. Mon rêve, trouver un travail.» Saâdia est, quant à elle, une femme travailleuse, elle a un bon salaire mais trouve sa quotidienneté plus que difficile. «Tous les matins que Dieu fait, je dois d'abord faire le ménage et ensuite aller au travail. Mes repas? Je les prends sur le rebord de l'évier après avoir servi tout le monde. Je suis la seule à travailler à la maison, c'est pratiquement moi le chef de famille, le père est décédé depuis quelques années et personne d'autre ne travaille à la maison. Mais ce qui me fait le plus de mal, c'est cette inquisition qui règne à la maison. Mon frère qui ne travaille pas empoche pratiquement à ma place le fruit de mon travail et en sus, me surveille comme si j'étais une criminelle. Le moindre de mes gestes est analysé et souvent ce frère plus jeune, devient un bourreau.» Elles s'appellent Saâdia, Khedoudja, Hadjira, Houria, Karima ou encore Fatima, elles sont souvent belles mais surtout démunies devant l'adversité et n'aspirent plus qu'à une chose, l'égalité avec l'homme. Elles sont prêtes à donner leur vie et leur temps et sont pleines d'amour mais la société a décidé qu'elles sont mineures et doivent le rester à vie! Alors la fleur en plastique...