Aujourd'hui, dans le monde entier, sera célébrée comme chaque 08 mars la journée internationale de la femme. En Algérie, cette fête a déjà démarré un peu partout dans la capitale avec un caractère festif. Si nous regardons de près, cette célébration généralement confiée aux structures officielles du pays, donne une image traditionnelle de la femme. Les femmes elles-mêmes d'ailleurs collaborent souvent dans ce genre de manif en maintenant la femme dans son rôle plusieurs fois séculaire de séductrice et de tenancière de chaumière. Faites un tour à la Safex où se déroule depuis jeudi et jusqu'à aujourd'hui le salon EVE 2010, et vous verrez défiler des femmes en robes blanches, coiffures hautes et maquillage outrageant, sur la poussiéreuse moquette du pavillon S. Dans ce salon, partout dans les stands on les voit patienter sur une chaise, pour une coupe, une coiffure de mariée, un maquillage libanais…sous les regards curieux de passants. Elles sont toutes en robes de soirée, talon haut et cherchent à plaire à la foule. Voilà un petit aperçu de la célébration du 08 mars 2010, où même à l'extérieur la femme est supposée se préparer pour un devenir pas différent de celui de ses arrière-grands- mères. En tenue, guindée elle ne semble pas prête à aller loin. Depuis une dizaine d'année, le 08 mars est fêté dans un esprit complètement festif. Les chanteuses sont partout invitées à animer des concerts tandis que les artistes âgées sont honorées à coup de diplôme dans les institutions publiques ou dans les studios des médias. On ne les laisse plus parler à la radio, on les voit plus à la télé, on les rencontre en grand nombre dans les rues, tenant des roses rouges. Leur réalité , leur quotidien n'est pourtant pas aussi rose. "Alors que nous venons de célébrer le 60ème anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'Homme, qui affirme que chacun peut se prévaloir de tous ses droits sans distinction aucune, notamment de sexe, les droits des femmes sont encore malheureusement trop souvent bafoués à travers le monde. Trop souvent, les femmes font l'objet de violences, qu'elles soient domestiques ou dans le cadre des conflits armés, et de discriminations intolérables." déclarait Bernard Kouchner le 6 mars 2009. En Algérie, il y a à peine dix ans, les associations féminines toutes tendances confondues, investissaient les rues chaque 08 mars pour protester contre un système juridique (toujours en cours) qui bafoue ces droits en contredisant la Constitution. Elle sortaient avec ferveur d'un meeting houleux, puis marchaient sur les artères d'Alger, improvisant des slogans protestataires, la tête froide. Les associations féminines il en existe plus d'une dizaine, et signe des temps, celles-ci quand elles sont en action ne font pas plus qu'un communiqué par an, qu'elles passent dans les colonne d'un quotidien le 08 mars. Leur mouvement, s'est essoufflé, leur entrain brisé par sans doute un tas d'enjeux et de privilèges. Comment se fait-il qu'on n'arrive plus à voir dans nos immenses champs la protesta féminine ? Où sont passées toutes ces femmes combatives, conscientes jusqu'à la lie des affronts faites à elles ? Pourquoi se sont-elles tues toutes en même temps ? Et Pourtant, le sens même du 08 mars, ne puise nullement ses racines dans les tambours, et les défilés de mode moroses, mais plutôt dans la lutte que mènent les femmes depuis des siècles pour participer à la société sur un pied d'égalité avec les hommes. Et même dans l'antiquité grecque, Lysistrata a lancé une " grève sexuelle " contre les hommes pour mettre fin à la guerre ; pendant la Révolution française, des Parisiennes demandant " la liberté, l'égalité et la fraternité " ont marché sur Versailles pour exiger le suffrage des femmes…En 1965, les ouvrières d'Alger sont descendues dans la rue pour demander l'amélioration de leurs conditions de travail. En 2010, le temps n'est plus à la contestation mais au chant. Avons-nous redressé à ce point ? Y aurait-il un jour, un souffle nouveau pour mener la femme de l'ombre à la lumière ?