Le président du parti n'a pas été tendre avec les hauts responsables de l'Etat. L'échange d'accusations entre les formations politiques est devenu monnaie courante en Algérie. Invité avant-hier au Forum de la Télévision, le président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati, n'est pas allé par trente-six chemins pour fustiger quelques formations politiques ainsi que des représentants de l'Etat. L'ancien parti unique, le FLN, était sa première cible. Celui-ci annonce que son parti a été victime de fraude et de «complot» de la part de l'administration qui avait accordé, lors de l'opération de dépouillement, en 2002, des voix du FNA au FLN. «Lors des élections auxquelles nous avions participé, le FNA était victime de l'administration locale qui a attribué nos points au FLN.» Sans le citer, Djamel Ould Abbès, ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, n'a pas échappé aux flèches de l'ancien président de l'Association des enfants de chouhada. «On a beau essayé de créer une différence entre les pauvres et les nécessiteux, les responsables de l'emploi disent qu'en Algérie, on a des nécessiteux, mais pas de pauvres, or, la réalité du terrain confirme que la société algérienne est composée, dans sa majorité, de pauvres.» M.Touati a fait appel au langage des chiffres pour étayer ses dires. «L'agence de l'emploi avance des chiffres concernant le nombre de postes d'emploi et d' entreprises créés dans les différents programmes, contradictoires. Tantôt, on avance des chiffres imaginaires de 154.000 demandes d'investissement, tantôt on parle de 12.000 demandes acceptées. On ne sait où est la vérité dans ces chiffres», s'est interrogé le président du FNA. Pour appuyer ses propos, M.Touati a rappelé les déclarations du chef de l'Etat, M.Abdelaziz Bouteflika, qui a dénoncé certains ministres pour fausses déclarations. Selon Moussa Touati, les ministres sont en train d'avancer des chiffres qui sont très loin de la réalité du terrain. «Du moment que les hauts responsables ne sont pas intègres et transparents, que peut-on attendre des citoyens?» En outre, s'exprimant sur les prochaines législatives, Moussa Touati a annoncé que le principal objectif de son parti est de faire en sorte à respecter la volonté populaire. «Le temps est venu de donner la parole aux citoyens afin d'exercer, en toute liberté, leurs droits constitutionnels. Le temps est venu d'opérer un changement. Nous ne sommes plus dans les années 70,» a-t-il clamé. Il a annoncé, en outre, que le FNA vise d'abord à s'imposer comme une formation politique qui a son mot à dire sur la scène politique nationale. «Nous continuons à militer pour la liberté, et nous faisons de sorte à faire entendre la voix de nos militants et des citoyens. Je suis sûr que le FNA va encore surprendre.» S'exprimant sur l'affaire El Khalifa, M.Touati a déclaré que depuis la transition de l'Algérie du système socialiste vers le libéralisme, on a mis l'argent de l'Etat entre les mains de gens qui n'assument pas leur rôle envers le pays et les citoyens. «Aujourd'hui, je ne suis pas étonné d'entendre la série de scandales financiers. Je dirais qu'il y a pire que cela, si d'autres dossiers étaient ouverts. Les Algériens ne savent plus où va leur argent», a-t-il conclu.