La culture livresque en Algérie se retrouve encore à tâtonner, malgré la participation à des Salons internationaux qui devraient servir d'exemple. Le Salon international du livre de Paris, une grande manifestation culturelle célébrée en grande pompe et à laquelle participent des centaines d'éditeurs à travers les pays et les continents, a accueilli cette année les lettres indiennes qui étaient à l'honneur. Ce fut donc un moment pour «donner vie à ses envies». Une occasion de dépaysement pour connaître une Inde «à la fois éternelle et contemporaine par l'éclectisme de ses écrivains invités». Une effervescence grandissante, une animation débordante, des activités enrichissantes, tel a été le quotidien d'un Salon qui a fermé ses portes en pensant déjà à une prochaine édition. L'Algérie était présente à cette rencontre livresque à travers une dizaine d'éditeurs algériens tels l'Anep, l'Enag, Casbah, Alpha, Chihab, Dar El Gharb, Media Plus, Dalimen, et autres. A défaut d'un grand pavillon algérien qui aurait regroupé l'ensemble de nos éditeurs dans un souci d'union de solidarité et de travail commun qui éviterait les tracas de comptabilité individuelle et dévalorisante, notre représentation s'était scindée en deux stands distincts l'un de l'autre, composés de plusieurs compartiments, chacun correspondant à un éditeur. Certes, des centaines de titres étaient exposés, quelques auteurs étaient venus signer leurs ouvrages, une ou deux conférences étaient données, mais tout ceci reste peu et insuffisant de la part d'un pays dont la richesse culturelle est sans limite. A quand une véritable participation basée sur une organisation professionnelle et adéquate qui régirait de loin, puis de près, tout ce qui est démarches administratives, bancaires, douanières, transit, arrivage, déballage, installation, étiquetage et tout ce qui devrait être fait à temps pour qu'à l'ouverture du Salon, tout soit en ordre et éviter ainsi d'éventuels problèmes pratiques comme un retard de livraison, une erreur de prix, une désorganisation dans la vente ou tout autre souci qui risquerait de nuire à une crédibilité «culturelle» que l'édition nationale se doit impérativement de regagner. Grâce aux efforts consentis par certains éditeurs nationaux soucieux de leur image et visant à faire connaître leurs auteurs, des séances de dédicace ont été organisées au niveau des stands, notamment avec Hakim Laâlam, Zoubir Souissi, Catherine Stoll Simon, Chantal Bonnet, Fayçal Ouaret, Hamid Grine et d'autres. Le pavillon algérien a connu une affluence encourageante de la part d'un public varié constitué d'Algériens, de Français, de jeunes et de moins jeunes, tous avides de lecture «algérienne» et soucieux de savoir où pouvait-on trouver ces livres-là, une fois le Salon terminé. Et là aussi, un autre problème reste posé. Comment des livres qui ont eu tant de mal à arriver au Salon, se retrouvent quelques jours après, objet de péripéties inverses pour revenir au bled, alors qu'ils s'en trouveraient mieux en restant dans un pays où la communauté arabe, en général et algérienne, en particulier, est en manque? A quand une représentation professionnelle, une institution culturelle ou tout autre service adéquat qui s'occuperait de prendre en charge une production nationale livresque très riche, fort importante, de plus en plus intéressante mais qui reste encore régie par une bureaucratie latente, des démarches lentes et des lois décourageantes qui font de notre combat pour la culture une bataille réprimante....voire, même déprimante.