Une session de formation des magistrats a été organisée, hier, à l'Ecole supérieure de la magistrature. Les magistrats algériens s'arment pour lutter contre le phénomène du blanchiment d'argent. Une session de formation de trois jours, destinée à pas moins de 25 d'entre eux, se tient actuellement à l'Ecole supérieure de la magistrature, sise à El Biar. Deux experts français prennent en charge cette formation qui prendra fin demain. «Nous donnons la priorité à la formation des magistrats», a indiqué hier le directeur général de l'Ecole supérieure de la magistrature. Celui-ci a, en outre, signalé que les textes d'application de la loi relative à la lutte contre le blanchiment d'argent, seront publiés progressivement dans le Journal Officiel. Il faut rappeler, dans ce contexte, que cette loi a été adoptée par le Parlement en 2005. Mais à ce jour, il n'y a que quelques textes uniquement qui ont été publiés dans le Journal Officiel. Le directeur de l'ESM a, en ce sens, indiqué que les lois relatives à la lutte contre ce phénomène sont récentes, «il faut donc se consacrer, a priori, à la formation des magistrats qui se chargeront de les appliquer». Il faut dire, en fait, que ce n'est qu'avec les réformes introduites dans le système judiciaire algérien, entamées en grande pompe en 2001, que l'on a commencé à penser à élaborer un instrument efficace, susceptible de contribuer à éradiquer, un tant soit peu, le phénomène du blanchiment d'argent en Algérie. Un fléau qui est apparu au grand jour, notamment ces derniers temps, avec les scandales financiers qui ont éclaté à travers le territoire national. Face à ces questions, les magistrats algériens se retrouvent dans l'obligation de se «recycler» et de se former encore davantage en vue de faire face à des «équations» qui s'avèrent de plus en plus délicates. Il convient de souligner, en sus, que l'Algérie avait ratifié, en 2003, la convention internationale relative à la lutte contre le blanchiment d'argent. Toutefois, au niveau local, une question de taille s'impose presque d'elle-même: dispose-t-on d'un véritable arsenal judiciaire capable d'interdire aux faussaires emprisonnés de bénéficier de l'argent blanchi après leur libération? Il est, en effet, important de travailler sur la question, d'autant plus qu'en Algérie, ce phénomène prend des proportions dramatiques. Cela, notamment avec la manne financière importante dont dispose notre pays. Tous les appétits sont ouverts. Les amateurs de blanchiment d'argent, étroitement liés avec les réseaux terroristes, sont sur le qui-vive, guettant toute affaire juteuse. Pour Charles Duchaine, vice-président en charge de l'instruction auprès du tribunal de Marseille, «l'Algérie dispose d'un instrument judiciaire bien élaboré et simple, comparativement à celui dont dispose la France», seulement «il faut savoir comment l'appliquer et le mettre en oeuvre». Une affaire qui nécessite moult réflexions de la part des autorités algériennes. D'autant plus qu'on aspire à réformer, de fond en comble, notre système judiciaire.