Il est aussi question de la levée des barrières douanières et de la coopération sécuritaire entre les deux pays. Le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, et le secrétaire du comité populaire général libyen, El Baghdadi Ali El-Mahmoudi, ont annoncé «la libre circulation des personnes et des véhicules entre les deux pays», lors d'une conférence de presse conjointe animée, lundi, à Tripoli, à l'issue des travaux de la 12e session de la Commission exécutive mixte. Cette initiative vient mettre un terme à une situation contraignante, imposée par la Libye en février dernier en imposant le visa aux ressortissants algériens. Les autorités algériennes n'ont pas usé du principe de réciprocité en laissant la diplomatie faire son travail, rappelle-t-on. Désormais, les ressortissants des deux pays peuvent circuler librement «sans contraintes financières ou administratives». Ces mesures sont entrées en vigueur depuis lundi. «Les contraintes entravant l'utilisation des véhicules pour le déplacement des personnes ont été levées, y compris le permis de conduire», assurent Belkhadem et El Baghdadi, tout en ajoutant qu' «il est désormais possible pour les citoyens des deux pays de se déplacer entre les deux pays munis de leurs permis de conduire et des papiers de leur véhicules». Belkhadem a souligné l'augmentation du volume des investissements entre les deux pays, ainsi que l'augmentation du nombre de dessertes aériennes et la levée des barrières douanières, ainsi que le lancement immédiat d'études sur le certificat d'origine, les modalités et taxes imposées par chaque pays, tout en considérant les marchandises produites en Algérie et en Libye comme des «produits nationaux». Les deux responsables ont décidé, par ailleurs, de relever le niveau des consultations politiques et de redynamiser la commission politique et de mener des consultations dans le domaine pétrolier, à travers la mise en place d'un comité qui se réunira périodiquement pour se concerter sur les politiques pétrolières, ainsi que de redynamiser le comité sécuritaire à la faveur de rencontres périodiques. Les deux Etats ont signé, en outre, un accord dans le domaine du transport maritime, trois mémorandums d'entente et six programmes exécutifs. L'accord sur le transport maritime vise à renforcer les relations bilatérales dans les domaines du transport maritime, des ports, de la formation et l'échange des expériences en matière de sécurité maritime, de lutte contre la pollution maritime, et de traitement réciproque du trafic maritime des deux pays, a indiqué à l'APS, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel. Ils ont également signé un mémorandum d'entente dans le domaine agricole, entre l'Institut national de recherche en agronomie d'Alger et le Centre de recherches agricoles et zootechniques en Libye; mémorandum qui tend à consolider la coopération dans le domaine de la recherche scientifique concernant la formation et l'échange des expériences, ainsi qu'à définir les moyens et procédés à même de développer ce secteur, ajoute-t-on. L'échange des expériences sera également renforcé à la faveur de la signature d'un mémorandum d'entente relatif au domaine du travail et des relations professionnelles. Par ailleurs, les deux pays ont adopté un programme exécutif biennal relatif au secteur de la jeunesse et des sports et un programme triennal dans le domaine de la coopération dans le secteur de l'information, du tourisme, de l'Education et de la formation professionnelle. Belkhadem a déclaré que les concertations se poursuivront entre les deux pays dans les domaines de l'énergie, de la sécurité et de la politique. A l'issue de sa rencontre avec le colonel Maâmar El Gueddafi, il a indiqué, au sujet des dédommagements exigés par la Libye aux anciens pays colonisateurs, que «quels que soient les dédommagements que verserait le colonisateur, cela ne saurait réparer les préjudices que nous a fait subir le colonialisme (...) ce qui importe, à ce propos, ce n'est pas le dédommagement financier, mais que le colonisateur d'hier reconnaisse les souffrances et les affres qu'il a fait endurer à nos peuples». Belkhadem a évoqué le cas des enfants libyens contaminés par le virus du sida, le qualifiant de «tragédie devant laquelle nous ne pouvons rester insensibles», avant d'ajouter que «la justice libyenne est souveraine» et que «nous respectons ses décisions». Ainsi, une page vient d'être tournée. Les rapports entre l'Algérie et la Libye se caractérisent par des variations, entre chaud et froid, entre moments de grande tendresse et de bouderies qui ont eu des répercussions directes sur les ressortissants des deux pays qui ne comprenaient pas toujours les raisons des ruptures violentes.