L'Algérie et la Libye ne se sont pas contentées, lundi à Tripoli, d'une protocolaire normalisation de leurs rapports, sujet à tensions depuis que le guide de la Djamahiriya libyenne, Maâmar El Gueddafi a fait part en avril 2006 de son « rêve » de voir s'ériger un « grand Etat du Sahara », une idée perçue comme étant « hostile » à son égard par Alger. En effet, la 12e session de la commission de coopération algéro-libyenne, coprésidée par le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, et le secrétaire du Comité populaire général libyen, El Baghdadi Ali El-Mahmoudi, en plus d'avoir permis la conclusion d'un accord portant sur le transport maritime et plusieurs mémorandums d'entente et des programmes exécutifs multisectoriels, signés par les parties, a apporté, sans doute, davantage que ce qui était espéré, vu la « dégradation » des relations entre Alger et Tripoli, ces derniers mois. Une nouvelle phase, nettement plus sereine dans les relations de coopération semble s'entamer cette fois-ci entre les deux pays, décidés à donner une tout autre image de celle de « voisins qui se chamaillent tout le temps ». Sans aborder l'intégralité des « sujets qui fâchent », la 12e session a eu néanmoins l'audace à s'attaquer à quelques-uns des venimeux points de discorde, à savoir la libre circulation des personnes et des biens. Désormais les « obstacles » à la libre circulation des personnes (et des véhicules) entre les deux pays ne seront plus qu'un mauvais souvenir. La discorde sur ce point précisément, qui n'en finit pas d'empoisonner les relations entre Alger et Tripoli a, paraît-il, pu être contenue. Pour le moment, du moins, Abdelaziz Belkhadem et El Baghdadi Ali El-Mahmoudi ont annoncé, à la fin des travaux de la commission mixte, la levée des contraintes entravant la libre circulation. Lors d'une conférence de presse conjointe animée par les représentants des deux Etats, il a été fait annonce, rapporte l'agence APS, de nouvelles mesures favorisant la libre circulation des personnes « sans contraintes financières ou administratives ». Des mesures qui devraient entrer en vigueur à dater de ce jour (hier, ndlr), a souligné M. Belkhadem. Une promptitude qui marque à la fois la volonté des deux parties de passer à un autre niveau de coopération et surtout de gommer la parenthèse de l'instauration unilatérale par la Libye du visa d'entrée, y compris pour les ressortissants des pays de l'Union magrébine. Les « contraintes entravant l'utilisation des véhicules pour le déplacement des personnes ont été levées, y compris pour le permis de conduire », assurent MM. Belkhadem et Baghdadi, précisant qu'« il est désormais possible pour les citoyens des deux pays de se déplacer munis de leurs permis de conduire et des papiers de leurs véhicules ». M. Belkhadem indiquera qu'il a été aussi convenu de la création immédiate d'un accès commun entre les deux pays, ajoutant qu'un comité préparatoire a été mis en place à cet effet. Il a, également, été entendu, poursuit le chef du gouvernement, d'augmenter le volume des investissements entre et au sein des deux pays, ainsi que l'augmentation du nombre de dessertes aériennes et la levée des barrières douanières, ainsi que le lancement immédiat d'études sur le certificat d'origine, les modalités et taxes imposées par chaque pays, tout en considérant les marchandises produites « en Algérie et en Libye » comme des produits nationaux. Une « primo » mesure qui ambitionne de réduire un volume de contrebande qui affecte davantage la partie algérienne. Le « partenariat » qui semble soudainement se parer de couleurs privilégiées ne se limitera pas à ces différents points. Les deux pays ont décidé, ajoute-t-on, de relever le niveau des consultations politiques, de redynamiser la commission politique et de mener des consultations dans le domaine pétrolier, à travers la mise en place d'un comité qui se réunira périodiquement pour se concerter sur les politiques pétrolières, ainsi que de redynamiser le comité sécuritaire à la faveur de rencontres périodiques. Lors de la cérémonie de signature, le chef du gouvernement a fait part de la préoccupation des deux parties qui ont veillé à ce que les décisions « soient réalistes, cohérentes et applicables », ajoutant que les concertations se poursuivront dans les domaines de l'énergie, la sécurité et la politique, ainsi que l'ensemble des questions intéressant la région et le continent africain. Il qualifiera la signature des multiples documents « de nouveau jalon sur la voie de l'édification maghrébine ». M. Belkhadem soulignera lors de son point de presse l'attachement des deux parties à garantir un impact positif de ces mesures sur la vie quotidienne des citoyens d'un côté, comme de l'autre de la frontière, et exprimera sa satisfaction du « bilan fructueux » des travaux de la session de la commission exécutive mixte. Il a, par ailleurs, précisé que la session a été sanctionnée par des recommandations de nature à contribuer au règlement des questions qui entravent le développement des relations bilatérales, et a accordé une importance particulière au facteur humain. Le chef du gouvernement a indiqué, en outre, que l'audience que lui a accordée le guide de la Révolution libyenne, le colonel Maâmar El Gueddafi, a permis d'échanger les vues sur les questions intéressant l'Algérie et la Libye, tout en marquant la nécessité de dynamiser la coopération et de lever les obstacles devant la circulation des personnes entre les deux pays. Aussi et comme pour signifier que la position algérienne ne sera aucunement sensible aux spectaculaires retournements, Belkhadem aura ces mots : « L'Algérie s'engage à la mise en œuvre de l'accord, des programmes et des mémorandums d'entente qui ont été signés, en vue de concrétiser et de consolider les objectifs communs. »