Il demande aux électeurs de voter massivement s'ils comptent opérer le changement. Le nouveau président d'El Islah, Mohamed Boulahia, n'y est pas allé de main morte pour critiquer vertement son prédécesseur Abdellah Djaballah. «Son seul souci est de rester président du parti alors que le militant est au service du parti où qu'il soit. Son objectif est de garder la maison, la voiture et les cadeaux qui appartiennent tous au parti», dit-il devant les candidats têtes de listes, rassemblés pour la circonstance et qui ne veulent pas tous entendre ce genre de discours. Mais il faut dire que Djaballah n'a pas été tendre avec l'aile qui lui a ravi le parti et qui se retrouve, aujourd'hui, détentrice de pouvoirs immenses. C'est un peu le remake de ce qui s'était produit avec le groupe Adami qui avait dérobé le parti En Nahdha à Djaballah. Mais Djaballah avait réagi très vite en créant un nouveau parti et pu réaliser l'exploit en raflant plus de 30 sièges à l'APN, alors qu'En Nahda s'était contenté d'un seul à Constantine. Les donnes ont considérablement changé, cette fois-ci. Djaballah n'a pas pu créer son parti. Il a présenté des listes en indépendants qui ont été nettoyées, voire gommées, par l'administration. Ses adversaires entrent dans la course plus confiants. Ils savent que Djaballah est mis en quarantaine et ne peut, en conséquence, perturber la valse. En 2002, les candidats malheureux d'En Nahdha disaient que l'administration avait agi contre eux en les sanctionnant sévèrement pour avoir osé aligner des candidats qui étaient autrefois militants de l'ex-FIS. Maintenant qu'ils ont compris la leçon, ils croient possible le retour à l'APN. Pourvu que la partition des quotas ne se fasse pas à leur insu ou contre eux. Certains se présentent pour la troisième fois. Ils ont survécu aux crises successives pour revenir aujourd'hui sous un nouveau jour. Mais il ne faut pas perdre de vue les militants d'En Nahdha qui reviennent eux-aussi dans la course avec beaucoup d'enthousiasme et de conviction. Ils ont eu le temps de réfléchir sur le pourquoi de leur déroute en 2002. Le secrétaire général d'El Islah nouveau, Djahid Younsi, ne veut en aucune manière que le passif du parti soit mis sur le compte de la nouvelle équipe. En même temps, il énonce: «Le mouvement fut une force de proposition durant la crise». C'est dire qu'on se revendique d'un courant politique tout en refusant d'assumer pleinement son passif en jetant le bébé avec l'eau du bain. A quelques jours du début de campagne électorale, le mouvement El Islah n'arrive pas à sortir du climat d'animosité, parfois de haine, en faisant l'impasse sur l'essentiel. La campagne sera difficile pour tous les partis en lice parce qu'elle va se jouer dans un mouchoir de poche, surtout pour le Grand Alger où Boulahia se présente contre Hanoune, Ziari, Harchaoui et consorts. On entend déjà les vagissements de Boulahia. Il demande au peuple de voter massivement; «c'est à la fois un droit et un devoir», lance-t-il entre deux hoquets.