Les trois kamikazes, auteurs des attentats contre le Palais du gouvernement et un commissariat à Bab Ezzouar auraient été formés en Irak. L'Algérie panse ses plaies, au moment où les services de sécurité tentent de remonter la piste des commanditaires du double attentat suicide de mercredi dernier. Le bilan final fait état de 33 morts et 57 blessés. Une tragédie qui relance le débat sur la situation sécuritaire, qui, après une courte trêve, connaît une nette recrudescence. Comment les services de sécurité vont-ils réagir? Y a-t-il une nouvelle stratégie de lutte antiterroriste à même de faire face au phénomène des attentats suicide, jusque-là non encore connus en Algérie? C'est dans ce cadre que le chef de l'Etat a présidé, tard mercredi soir, une réunion d'urgence au cours de laquelle une série de mesures ont été prises. Une réunion, confirmée jeudi par le ministre de l'Intérieur qui a annoncé à la presse que les effectifs de police et de gendarmerie allaient être revus à la hausse dans les villes pour tenter d'enrayer la spirale de la violence. Pour le moment, les services de sécurité, tous corps confondus, redoublent de vigilance pour mettre la main sur le réseau qui avait commandité le double attentat d'Alger. Aussi bien à Bab Ezzouar qu'au Palais du gouvernement, la police scientifique a fait son travail en collectant le maximum d'indices. De son côté, la police a recueilli les témoignages des blessés et des citoyens qui étaient non loin des lieux des attentats quelques secondes seulement avant la tragédie. Cependant, aucune information n'a filtré sur ces investigations qui s'annoncent difficiles. Pour le moment, il est difficile de livrer les premières conclusions sur les circonstances et les auteurs des attentats de mercredi 11 avril, il reste que pour le ministre de l'Intérieur, M.Noureddine Yazid Zerhouni, les auteurs «sont connus». Une chose est sûre: d'après des sources bien informées, les trois kamikazes, auteurs des attentats contre le Palais du gouvernement et un commissariat à Bab Ezzouar, auraient été formés en Irak. Alors que les services de sécurité ont démantelé dernièrement, plusieurs réseaux chargés du recrutement de jeunes Algériens pour aller combattre en Irak, l'organisation de Oussama Ben Laden semble avoir opté pour une méthode inverse, à savoir envoyer ses kamikazes vers l'Algérie, via le Maroc où Al Qaîda-Maghreb aurait, d'après les mêmes sources, élu refuge. A noter que l'attentat perpétré jeudi dernier contre le siège du Parlement irakien, situé en pleine «zone verte», censée être hypersécurisée, et qui est intervenu au lendemain des attentats d'Alger, renseigne sur l'identité de leurs commanditaires. Il s'agit bel et bien de l'empreinte d'Al Qaîda. Cette dernière, après s'être implantée au Maghreb, via le Gspc, compte ainsi étendre ses tentacules dans la région. Les cibles sont identiques que celles visées en Irak. Il s'agit de frapper l'imaginaire de la population, en s'attaquant à l'Etat et à ses symboles. Pour le ministre de l'Intérieur, ce sont ceux qui se sont exclus d'eux-mêmes de la réconciliation nationale qui sont à l'origine des attentats d'Alger. Des desperados qui, d'après le ministre sont isolés et leur nombre réduit. Il évoquera les coups de boutoir assénés au quotidien par les forces de sécurité aux groupes terroristes. Il est clair, affirme M.Zerhouni que la neutralisation du terrorisme dépendra de notre capacité de mobilisation et de rester vigilants, car le peuple algérien s'est habitué à la paix. Un peuple qui ne reculera pas devant le chantage terroriste; lui qui avait, plus d'une décennie durant, découvert le visage ignoble du terrorisme.