À l'occasion de la grande prière du vendredi, les imams ont condamné ces attaques. Le Palais du gouvernement a été la cible d'attentats kamikazes. Ce nouveau rebondissement dans la spirale de la violence terroriste suffit, à lui seul pour convaincre la population algéroise que, désormais, la capitale n'est plus cette citadelle «hermétique» aux affidés du Gspc-Al Qaîda. Le double attentat suicide perpétré mercredi dernier à Alger n'as pas manqué de susciter moult appréhensions sur la place publique. Des questionnements du genre: «de quoi sera fait le lendemain?» Ou «allons-nous revivre les scénarios meurtriers des années 90 aussi meurtriers qu'apocalyptiques les uns les autres?» Reviennent sur toutes les lèvres de beaucoup parmi la population algéroise. Les Algérois ont peur et l'angoisse est perceptible sur le visage de quelques piétons rencontrés ce week-end en sillonnant les ruelles de la capitale. D'abord, il y a ce fait qui mériterait d'être cité: ils n'étaient pas nombreux, ces Algérois qui ont «osé» franchir le perron de leur demeure pour aller se promener après le du double drame survenu dans la capitale. Jeudi dernier, 24 heures après les deux attentats, la splendide rue Audin, d'habitude inondée de monde, était déserte où seules quelques silhouettes éparses circulaient ici et là, non sans faire attention à tout ce qui bouge et même aux véhicules stationnés. 33 morts et des dizaines de blessés, ce bilan que l'on commentait dans tous les cafés appelait, en effet, à une extrême vigilance. Ensuite, l'autre fait saillant et qui s'est fait jour juste après le double attentat, est celui de ce renforcement - comme cela ne l'a pas été depuis longtemps - des mesures de sécurité. Hier, et lors d'une virée effectuée dans la capitale, la quasi-totalité des commissariats étaient quadrillés. En dépit du choc subi à la suite de la perte de nombreux collègues, les éléments de la Dgsn tentaient, encore en ce vendredi 13, de remonter la piste des commanditaires de cette catastrophe meurtrière revendiquée par Al Qaîda au Maghreb. Selon des sources, les services de sécurité ont déclenché une série d'enquêtes à la recherche de pistes conduisant aux commanditaires des deux attaques sanglantes. La police aurait même recueilli les témoignages des blessés. La plupart des ambassades ainsi que toutes les institutions officielles symbolisant l'Etat sont, par ailleurs, placées sous haute surveillance. Hier encore, les axes routiers de passage à proximité du Palais du gouvernement étaient interdits à la circulation automobile, à l'exception des véhicules des services de sécurité et de la Protection civile de même que les camions des sociétés Asrout et Cosider. Ces deux entreprises sont en charge du nettoyage des parties détruites et réduites en décombres à la suite de l'explosion. Au niveau du commissariat de Bab Ezzouar, hier encore, les policiers rencontrés sur les lieux étaient toujours sous la choc. L'air hagard et le regard triste témoignaient d'une angoisse encore vivace dans leur esprit. L'un d'eux nous raconte que des dizaines de citoyens sont venus dans la matinée d'hier pour déposer une gerbe de fleurs à la mémoire de leurs collègues lâchement assassinés par les sbires du Gspc-Al Qaîda. D'autre part, le personnel du CHU Mustapha continuait, hier encore, de prodiguer les soins nécessaires aux blessés, dont des cas graves nécessitant une intervention chirurgicale, à l'image de ce policier qui, au moment de la déflagration, se trouvait au poste de garde du Palais du gouvernement et qui a miraculeusement échappé à une mort certaine. A noter qu'à l'occasion de la grande prière du vendredi, les imams ont condamné ces attaques et axé leurs prêches sur la «volonté de paix et de réconciliation des Algériens».