Une série de rencontres est prévue entre les deux hommes dans les prochaines semaines. Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a rencontré, dimanche, le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, dans la première d'une série de réunions entre les deux hommes dans la perspective de trouver une issue pacifique au contentieux israélo-palestinien. Sans surprise en fait, ce premier contact aura été un contact à blanc qui n'a pas eu de portée significative sur le dossier palestinien. Il ne pouvait sans doute pas en être autrement du fait même des priorités qui sont celles des Israéliens, axées plus spécialement sur le sécuritaire, alors que les Palestiniens sont plus enclins à aborder de front l'ensemble des questions de fond en vue de la création de l'Etat palestinien. Aussi, il aurait été étonnant que l'entrevue de dimanche à Jérusalem donne plus qu'elle ne promettait. D'ailleurs, dimanche, il a été surtout question de problèmes d'ordre humanitaire et sécuritaire qui ne peuvent, en fait, être résolus en dehors du contexte général du contentieux israélo-palestinien et surtout en l'absence de perspectives sérieuses d'établissement de l'Etat palestinien indépendant, seul à même d'apporter des réponses claires, sinon définitives, à ces préoccupations. Ce que ne semble pas appréhender correctement Israël, plus préoccupé par la sécurité laquelle reste, en tout état de cause, conditionnée par l'existence de l'Etat palestinien. C'est, dans cette optique aussi, qu'Israël semble vouloir imprimer son propre rythme, le plus lent possible, à une éventuelle création de l'Etat palestinien, comme cela ressort des dernières déclarations de personnalités ou responsables israéliens. Dans ce contexte, la porte-parole du Premier ministre israélien, Miri Eisin, déclarait samedi, la veille de la rencontre Olmert-Abbas, que «des questions telles que le système de gouvernement qui sera celui du futur Etat palestinien, son système juridique et économique seront abordées», laissant ainsi entendre qu'Israël veut avoir un droit de regard sur le fonctionnement du futur Etat palestinien et sans doute aussi sur sa composante humaine. Ce qui est loin d'être un gage de confiance entre les deux parties et surtout peut constituer une entrave à la mise en place de l'Etat palestinien qui n'aura alors d'Etat que le nom, Israël refusant toujours de cohabiter avec un véritable Etat souverain, dialoguant d'égal à égal. D'ailleurs, lors de ce premier contact entre Olmert et Abbas, les vraies questions de fond ayant trait au règlement final, n'ont pas été discutées, ni n'a été abordé le problème des frontières du futur Etat, celui de Jérusalem-Est et des réfugiés palestiniens. Autant dire que lors de cette première réunion, c'est Olmert qui a imposé les thèmes de discussion entre les deux hommes, thèmes centrés sur le sécuritaire et l'humanitaire. Selon un haut responsable israélien qui s'exprimait sous le couvert de l'anonymat «au cours des discussions en tête à tête, MM.Olmert et Abou Mazen (Mahmoud Abbas) ont principalement discuté d'un horizon diplomatique» sans entrer dans «les détails de la création d'un Etat palestinien». Selon la même source «les Palestiniens ont présenté un plan de sécurité (...) et affirmé qu'ils entendent déployer la garde présidentielle le long de la route de Philadelphie», une zone-tampon entre le sud de la bande de Ghaza et l'Egypte pour empêcher la contrebande d'armes. Israël qui s'isole chaque jour davantage dans un ghetto (construction de la barrière de séparation en Cisjordanie, fermeture de la frontière avec la bande de Ghaza, octroi au compte-gouttes de visa aux travailleurs palestiniens), n'arrive toujours pas à concevoir que la sécurité de l'Etat hébreu est plus que jamais tributaire de l'existence de son pendant palestinien. Soixante ans de guerre sont là pour dire qu'aucune solution ne peut faire l'impasse sur l'existence de l'Etat palestinien. Tout le reste n'est que fuite en avant dommageable autant pour Israël que pour les Palestiniens empêchés d'avoir leur foyer national. Une nouvelle rencontre réunira MM.Abbas et Olmert à Jéricho, d'ici la fin du mois, selon le principal négociateur palestinien, Saëb Erakat, qui a indiqué, hier, que les deux hommes «sont convenus de se rencontrer à nouveau avant la fin du mois» à Jéricho (Cisjordanie). La veille de la rencontre entre les deux hommes politiques palestinien et israélien, le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, avait déclaré sa disponibilité à entamer des négociations «avec tout groupe de pays arabes» sur le plan de paix d'inspiration saoudienne réactivé par la Ligue arabe lors d'un récent sommet à Riyadh. «Je serais heureux d'écouter leurs idées, et eux les nôtres, sur l'initiative saoudienne» de paix, a-t-il indiqué, espérant «que de telles réunions pourront se tenir». Mais, il semble bien que ce n'est là qu'une diversion de la part d'un homme en butte à des difficultés dans son propre parti où il est de plus en plus contesté. Cette déclaration est d'autant peu crédible que M.Olmert veut discuter avec ce qu'il appelle les pays «arabes modérés», alors que le plan de paix arabe est l'émanation des 22 Etats de la Ligue arabe et les engage dans leur totalité. Plan qu'Israël a, d'ailleurs, rejeté. Il faudrait bien que l'Etat hébreu fasse un peu plus d'efforts pour montrer qu'il est réellement prêt à négocier sans a priori avec les Palestiniens et les Arabes pour instaurer la paix dans la région du Proche-Orient, car tout le reste n'est que fuite en avant.