Contre toute attente, Olmert a convié, samedi soir, Mahmoud Abbas à une réunion, qui a débouché sur un engagement à relancer le processus de paix, mais sans qu'aucune décision importante soit prise. Après avoir ignoré tous les appels au dialogue de Mahmoud Abbas depuis plus d'une année, le chef du gouvernement israélien l'a rencontré dans la soirée de samedi dans sa résidence de Jérusalem, dans la perspective de le soutenir dans le bras de fer qui l'oppose au Hamas, depuis que ce mouvement a pris les rênes du gouvernement palestinien. Il faut dire que la récente décision du président de l'Autorité palestinienne de convoquer des élections anticipées a poussé les Occidentaux et les Israéliens à mettre fin à l'isolement dans lequel ils avaient confiné la direction palestinienne, il y a presque un an. Agissant dans ce cadre, Olmert semble accepter de faire des concessions pour venir à bout du Hamas, son ennemi numéro un. Ainsi, ce rendez-vous entre les deux dirigeants constitue la première réunion officielle entre les deux hommes depuis l'élection de M. Olmert en mars dernier, si l'on excepte la rencontre informelle, le 22 juin dernier à Pétra, en Jordanie, en marge d'un forum auquel participaient notamment 25 lauréats de prix Nobel. La plus grande satisfaction pour les Palestiniens est d'avoir réussi à arracher au premier ministre israélien l'engagement de débloquer au profit de l'Autorité palestinienne 100 millions de dollars et 35 millions de shekels, qui font partie des fonds palestiniens confisqués par Israël, en guise de représailles après la victoire du Hamas aux dernières élections législatives palestiniennes. “Olmert a accepté de transférer 100 millions de dollars de ces fonds dans les prochains jours à des fins humanitaires et 35 millions de shekels (environ 8,4 M USD) aux hôpitaux palestiniens”, a indiqué Saëb Erekat, le principal négociateur palestinien, qui a pris part à la réunion. Selon le communiqué, qui a sanctionné les travaux, Abbas et Olmert ont discuté du cessez-le-feu en vigueur dans la bande de Gaza et de son extension à la Cisjordanie, dans le cadre des conclusions du sommet de Charm el-Cheikh de février 2005 entre M. Abbas et le Premier ministre israélien d'alors, Ariel Sharon. La même source indique que les deux hommes se sont mis d'accord pour parvenir à “une solution à deux Etats vivant côte à côte dans la paix et la sécurité” en conformité avec la feuille de route, le dernier plan de paix pour un règlement du conflit israélo-palestinien. Quant au cas des prisonniers palestiniens, Ehud Olmert se serait engagé à libérer des détenus palestiniens “seulement après la libération de Gilad Shalit”, le soldat israélien capturé le 25 juin par des groupes palestiniens près de la bande de Gaza. À ce sujet, Saëb Erekat a affirmé : “Nous ne voulons pas interférer dans les négociations s'agissant de Gilad Shalit, mais Abou Mazen a insisté sur le fait que l'on étudie ce dossier parce que c'est la clé de tous les autres problèmes.” En conclusion, le communiqué rendu public met en exergue le fait que “le peuple israélien et le peuple palestinien ont suffisamment souffert et il est temps de faire avancer le processus de paix par des mesures concrètes” et ajoute que Abbas et Olmert ont insisté sur “l'importance de l'existence d'un contact direct et sérieux entre eux et ont convenu de se rencontrer fréquemment”. Reste à savoir maintenant si ce sommet impromptu et organisé à la hâte aura des répercussions sur les contacts entre les deux parties, où il ne s'agit que d'un rendez-vous de circonstances destiné à apporter un soutien de façade au président de l'Autorité palestinienne dans son bras de fer avec son premier ministre, issu du Hamas, qui refuse de reconnaître Israël et de céder aux pressions exercées contre son gouvernement. K. ABDELKAMEL