Le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, et le président palestinien Mahmoud Abbas ont donc répondu à l'invitation du souverain jordanien de se rencontrer, et les médias du monde entier se sont donné à cœur joie, surtout quand les deux hommes se sont donnés l'accolade. Une image forte, mais trompeuse au même temps, car chacun des deux hommes avait un objectif bien précis. Autant le premier avait besoin de ce type d'action spectaculaire alors même que son armée intensifiait sa répression dans les territoires palestiniens, autant l'autre envisageait une reprise des négociations de paix avec Israël, à supposer qu'il y ait un processus et une réelle volonté israélienne, ce qui n'est pas évident. Mais Mahmoud Abbas, qui savait que cette rencontre serait sans conséquence, refusait que les Palestiniens soient pointés du doigt et endossent un quelconque échec. C'est ce qui explique le fait que le seul élément de cette rencontre soit une promesse, comme il y en a eu tant d'autres dans cette région, de se retrouver, mais à condition de ne pas y venir les mains vides. Les deux dirigeants ont, en effet, promis à l'issue de ce premier contact à ce niveau depuis un an, de se rencontrer à nouveau pour remettre le processus de paix sur les rails. L'entretien s'est déroulé lors d'un petit-déjeuner, organisé à l'initiative du roi Abdallah II, à Pétra (sud), en marge d'un forum réunissant 25 lauréats du prix Nobel. La télévision jordanienne a diffusé des images de MM. Abbas et Olmert en train de se donner l'accolade avant de serrer la main du souverain hachémite. A l'issue de la rencontre, M. Abbas a annoncé que des préparatifs pour une réunion, officielle cette fois, avec M. Olmert, commenceraient la semaine prochaine. « Il y a l'idée de préparer notre prochaine rencontre et ces préparatifs commenceront la semaine prochaine », a déclaré M. Abbas, précisant que l'entretien avait porté sur des « questions générales ». Selon le porte-parole de la présidence, Nabil Abou Roudeina, un tel sommet pourrait avoir lieu « dans une à deux semaines ». De son côté, Ehud Olmert s'est dit prêt à « tout faire pour la paix » et à une nouvelle rencontre avec M. Abbas, qu'il a qualifié de « personne sincère ». Après les déclarations d'intention, Ehud Olmert, comme d'ailleurs tous les dirigeants israéliens, passe aux conditions suffisamment contraignantes qu'elles étouffent l'espoir. « Je prie, a-t-il dit, pour que les Palestiniens aient le courage de se débarrasser des extrémistes (...) et mettent en place les bonnes personnes pour avancer vers une reconnaissance » d'Israël, en référence au gouvernement palestinien dirigé par le mouvement islamiste Hamas, qui refuse de reconnaître l'Etat hébreu. Que reste-t-il alors comme marge pour Mahmoud Abbas ? A vrai dire, elle est inexistante, puisqu'il est qualifié de faible, donc frappé d'incapacité par Israël pour mener des négociations avec lui. M. Olmert a également réitéré les conditions nécessaires pour assurer le succès de prochaines rencontres : le « désarmement total des organisations terroristes, la pleine application des accords (passés) et la reconnaissance d'Israël ». De quels accords parle-t-il, alors qu'Israël s'est évertué à en effacer toute trace ? Toute la mystification est là, et aussi la supercherie.