Washington veut se débarrasser au plus vite de prisonniers devenus de plus en plus encombrants. Dans une déclaration faite aux directeurs des médias écrits algériens, hier, à l'ambassade des Etats-Unis, Clint Williamson, ambassadeur itinérant américain, équivalent européen d'un ministre plénipotentiaire, a affirmé que «les relations entre les deux pays sont solides et excellentes», ajoutant que les échanges entre les deux pays sont «une indication claire de l'évolution atteinte par les relations entre Alger et Washington». Clint Williamson, qui avait eu hier, une séance de travail avec Kamel Rezzag Bara, conseiller à la présidence de la République, a aussi tenu à préciser qu'il fallait «mesurer à leur juste valeur les relations étroites entre les deux pays», estimant que «l'Algérie joue un rôle crucial dans la région et sur le plan international, particulièrement dans la lutte contre le terrorisme». Evoquant le phénomène du terrorisme, il a relevé que «très peu de pays dans le monde en ont souffert comme l'Algérie», soulignant que les Etats-Unis «sont conscients de cet état de fait» et «évaluent à sa juste valeur la place qu'occupe l'Algérie dans la lutte contre le terrorisme», au regard, a-t-il dit, de son «savoir-faire et de son expérience». Williamson a affirmé, en outre, que le souci des Américains «est de mettre en place une stratégie globale de lutte contre le terrorisme». Sur un autre plan, Williamson a indiqué que «nous avons discuté de la situation des prisonniers algériens détenus à la base américaine de Guantanamo», soulignant que «notre désir commun est de voir cette base fermée». Il laissera entendre aussi qu'au moins «sept Algériens pourraient être extradés vers l'Algérie dans les tout prochains jours si les négociations, actuellement en cours, sont menées à terme». Le fait que des accords d'extradition n'existent pas encore entre Alger et Washington a retardé les négociations à ce sujet, mais on sait aussi, depuis au moins, quelques mois, que Guantanamo Bay est en voie de fermeture, et que Washington, hormis quelques hauts cadres d'Al Qaîda, qu'elle «exploite» encore, veut se débarrasser au plus vite de prisonniers devenus de plus en plus encombrants. Beaucoup de bruit a été fait autour de la trentaine d'Algériens détenus à Guantanamo. Outre les six Algériens de Bosnie, livrés par les autorités bosniaques aux Etats-Unis au début de l'année 2003, il y a 25 Algériens détenus dans la prison secrète de Guantanamo Bay. Jusqu'à avril 2006, personne ne savait de qui il s'agit. Mais à cette date, le Pentagone publie la liste des noms et nationalités de 558 personnes qui sont ou ont été détenues sur la base navale de Guantanamo. Il s'agissait de la liste des détenus dont le statut de «combattant ennemi» a fait l'objet d'une audience devant un tribunal militaire d'exception, entre juillet 2004 et janvier 2005. De nombreux détenus ont été par la suite libérés ou transférés dans leur pays d'origine après comparution devant un tribunal d'exception, mais environ 490 d'entre eux sont restés en détention. Les Algériens mentionnés à l'époque sur le document étaient: Houari Abderrahmane, Saïd Hassan Mujamma Rabai, Hadj Arab Nabil, Al Qadir Mohamad, Belbacha Ahmed Ben Salah, Faghoul Abdulli, Ameziane Djamel Sid Ali, Farhi Saïd, Zoumiri Hassan, Sameur Abdennour, Barhoumi Sofiane, Labed Ahmed, Hamlili Mustapha Ahmed, Ammeur Mammar, Houari Sofiane Abar, Ben Hamlili Abdelhadi Al Jazairi, Lahmar Saber Mahfouz, Nechla Mohamed, Aït Idir Mustapha, Boumediène Lakhdar, El Hadj Boudella, Boucetta Fethi, Naji Abdelaziz et Mohamed Abdelkader. Clint Williamson, qui est à Alger depuis trois jours, semble intervenir pour le compte de Washington afin d'apaiser les tensions générées par les effets des attentats du 11 avril dernier et qui ont ciblé Alger. Les mises en garde américaines concernant de nouvelles attaques et qui prendraient pour cibles, la Grande-Poste et le siège de l'Entv, ont été très mal acceptées par Alger, qui a immédiatement réagi en convoquant un chargé d'affaires à l'ambassade des Etats-Unis de haut rang. D'autant plus que ces mises en garde se sont avérées infondées. Mohamed Bedjaoui, ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, a reçu samedi, Clint Williamson, ambassadeur itinérant américain, qui lui a remis une lettre de Mme Condoleezza Rice, secrétaire d'Etat américaine.