La venue, à Alger, de Clint Willamson est un signe qui ne trompe pas quant à la volonté des Américains de calmer les esprits et de rectifier le tir induit par des erreurs d'appréciation. L'émission, par l'ambassade des Etats-Unis à Alger, d'un avertissement annonçant des attentats imminents à la Grande-Poste et au siège de la Télévision nationale à Alger, a suscité une vive tension entre Alger et Washington. Une attitude décriée par les autorités algériennes qui ont convoqué le chargé d'affaires de l'ambassade des Etats-Unis à Alger au ministère des Affaires étrangères pour une ferme mise au point. Les autorités algériennes, qui tiennent l'annonce en question pour «fantaisiste et inacceptable», ont fait valoir à la partie américaine «l'obligation du respect scrupuleux de la souveraineté du pays d'accréditation et du principe de non-ingérence dans ses affaires intérieures». Le communiqué du ministère des Affaires étrangères soulignait, par ailleurs, que «des initiatives intempestives de ce genre sont contre-productives et irresponsables au regard des exigences de la coopération dans la lutte antiterroriste, conformément au droit international et aux pratiques bien établies en matière de coordination entre organismes compétents». Et d'ajouter: «L'Algérie, qui a consenti des sacrifices considérables dans sa résistance au terrorisme, escompte de la part de tous ses partenaires, des interactions mutuellement avantageuses dans l'équilibre des droits et des obligations». Et depuis, l'ambassade des USA a tenté de remettre de l'ordre dans les relations bilatérales en calmant les tensions nées de ce quiproquo. La venue, à Alger, de l'ambassadeur itinérant des Etats-Unis et en même temps pour les crimes de guerre, Clint Williamson, est un autre signe qui ne trompe pas quant à la volonté des Américains à calmer les esprits et de rectifier le tir induit des erreurs d'appréciation. Porteur d'un message de Condoleezza Rice, secrétaire d'Etat américaine, Clint Williamson a été reçu, hier, par le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui. Au cours de cet entretien, M.Bedjaoui a fait une mise au point en rappelant les exigences de la lutte internationale contre le terrorisme et les «sacrifices de l'Algérie dans sa lutte pionnière contre ce fléau», selon une source du ministère des Affaires étrangères. La venue à Alger de l'ancien conseiller du ministère de la Justice irakien en 2003, époque où l'actuel ambassadeur des USA à Alger, Robert S. Ford y exerçait, est un autre signe qui laisse croire que le département d'Etat américain tente d'aplanir la tension entre Alger et Washington et repartir sur de nouvelles bases de coopération bilatérale. D'autant que l'Algérie a infligé un «niet catégorique» à la demande américaine d'installer sur le sol algérien des bases militaires américaines même si, officiellement, les Etats-Unis soutiennent n'avoir jamais formulé pareille demande. Tout en tentant de minimiser, autant que faire se peut ce sujet, l'envoyé spécial de Condoleezza Rice aurait, selon certaines informations, pour mission de convaincre les autorités publiques de la nécessité de l'installation sur le sol algérien d'un nouveau commandement régional de l'armée américaine pour l'Afrique (Africom). Sur cette nécessité, Condoleezza Rice estime, ainsi, que ce commandement répond au seul souci de rapprocher géographiquement «les forces américaines stationnées en Europe des zones des opérations en Afrique». «Vous savez, nous souffrons terriblement du fait que nous soyons contraints de gérer les conflits en Afrique et de lutter contre le terrorisme à partir de l'Europe, nous avons donc pensé à créer ce sous-commandement qui sera basé en Afrique pour faciliter nos interventions», avait-elle plaidé. Par ailleurs, Mohamed Bedjaoui a également communiqué à M.Williamson un message verbal sur le Sahara occidental, destiné à Mme.Rice. L'Algérie, partisan inconditionnel du dialogue, demeure convaincue qu'il n'y aura point de salut ni de paix, en dehors de la légalité internationale et du droit des Sahraouis à l'autodétermination et à l'indépendance.