Ce n'est que lorsque les pays maghrébins sortiront de leur léthargie que les terroristes trembleront. Créée à Marrakech en 1989, l'Union du Maghreb arabe (UMA) peut-elle encore servir? La réunion des directeurs généraux de la sécurité et de la police à Tripoli donne une réponse à cette question. Au moins dans le domaine sécuritaire, l'UMA peut avoir une utilité. C'est après les attentats de Casablanca et d'Alger que la situation devenait préoccupante. Le danger terroriste et le grand banditisme menacent, à des degrés divers, les cinq pays de l'UMA (Mauritanie, Maroc, Alger, Tunisie, Libye), mais tous sont dans le collimateur d'Al Qaîda et des groupuscules qui lui sont, au moins idéologiquement, affiliés. Aucun de ces pays, qui sont des vases communiquants, ne peut faire comme l'autruche, en cachant sa tête dans le sable. Le danger est le même pour tous. Face à La montée des périls, il devient urgent de conjuguer les efforts et de coordonner le travail entre les différents services de police et de sécurité des pays de l'UMA, par l'échange d'information, et l'activation des expériences spécialisées dans ce domaine. L'expérience a, en effet, montré que tout égoïsme en la matière se paie cher. Faire comme si ça n'arrivait qu'aux autres a un prix, en vies humaines et en destruction d'infrastructures, alors que l'image du pays s'en trouve détériorée. Quant aux pays de l'Europe du Sud, à l'instar de la France et de l'Espagne, on sait qu'ils prennent au sérieux les menaces de Al Qaîda. La réalité est que les frontières communes sont assez poreuses. Les groupes armés font les va-et-vient, se livrent à tout genre de trafics, (de drogue, d'armes, de tout ce qui est prohibé), commettent un acte dans un pays et se replient dans l'autre. Sans compter que ces groupes ne manquent pas pour leur part d'échanger des informations et de coordonner leurs actions. Si le Maghreb des terroristes existe, il faut bien que le Maghreb des Etats aussi se mette en place. Toujours est-il que cette réunion de Tripoli confirme ce que nous avions déjà écrit, sur les réunions de coordination qui se tiennent, non seulement au niveau du Maghreb, notamment entre Alger, Rabat et Tunis, mais aussi avec les services français en particulier et européens, en général. Par ailleurs, Alger et Casablanca, malgré la virulence et l'activisme des groupes armés et l'acharnement d'Al Qaîda, ne sont pas les seules villes du Maghreb à être visées; Il y a eu également des actions terroristes en Mauritanie, dans lesquelles le Gspc était impliqués, mais on peut également rappeler qu'en Tunisie, les services de sécurité avaient démantelé tout un réseau de terroristes dans lequel figuraient des Algériens. Non seulement la région du Maghreb est un théâtre d'opération pour les réseaux terroristes, mais elle est également une zone de recrutement pour l'enrôlement de volontaires pour le djihad en Irak. Et là c'est un autre aspect du terrorisme qui montre que ce fléau tend de plus en plus à devenir un phénomène transnational. Au-delà des pays de l'UMA, c'est toute la zone du Sahel qui est concernée par un redéploiement des réseaux Al Qaîda, une zone comprenant des pays comme le Mali, le Niger, et qui va jusqu'à la Corne de l'Afrique, en englobant le Soudan. Par conséquent, si rien qu'en matière d'échange d'information, les pays de l'UMA parviennent à coordonner leurs actions, ce sera déjà un point positif. Les groupes terroristes, qui sont unis dans leur combat contre les Etats, n'auront plus en face d'eux des instances étatiques éparpillées, mais un ensemble soudé et des services de sécurité aguerris et plus que jamais décidés à éradiquer ce mal à la racine.