Dans le but de réaliser des progrès dans le dossier de l'intégration maghrébine, la commissaire européenne, Benita Ferrero-Waldner, a recommandé, dans un entretien avec le journal marocain l'Economiste, que le dossier du Sahara occidental, qui bloque le processus, devrait être “écarté pour le moment” des discussions. La commissaire européenne chargée des relations extérieures a estimé qu'“il est important de travailler de façon multilatérale, ce qui signifie, peut-être, d'écarter pour le moment la question du Sahara et de se focaliser sur des questions pertinentes comme le changement climatique, la sécurité énergétique, la migration ou le terrorisme”. Selon elle, “personne ne peut résoudre, à lui seul, ces problèmes”. Mme Ferrero-Waldner a fait ces déclarations en marge du dialogue 5+5 des pays maghrébins et européens de la Méditerranée occidentale, qui s'est tenu à Rabat du 20 au 22 janvier courant. Pour rappel, l'Union du Maghreb arabe (UMA), fondée en 1989 par le traité de Marrakech (Maroc), est paralysée depuis 1994, en raison notamment de profondes divergences entre l'Algérie et le Maroc sur l'avenir du Sahara occidental, une ancienne colonie espagnole annexée en 1975 par le Maroc, et dont le Front Polisario réclame l'indépendance. Ceci dit, la suggestion de la responsable européenne n'est pas un fait nouveau. En fait, elle ne fait qu'emboîter le pas à l'Algérie, qui en avait fait la proposition au Maroc à différentes occasions pour que l'UMA ne demeure pas bloquée, en vain. Le royaume alaouite n'a jamais consenti à séparer le conflit du Sahara occidental de la concrétisation de l'Union du Maghreb arabe, allant jusqu'à empêcher la tenue du sommet de cette instance. L'on se rappelle encore du renoncement en dernière minute du roi Mohammed VI à participer au sommet de l'UMA prévu dans la capitale libyenne (Tripoli) en mai 2005, provoquant le report sine die de la réunion, sous prétexte que le président Abdelaziz Bouteflika avait envoyé un message de soutien à son homologue sahraoui, Mohamed Abdelaziz. C'est pour dire que l'Algérie n'a à aucun moment mis en avant ce dossier pour empêcher la réalisation de l'UMA, bien au contraire.