Tout le monde s'accorde à dire que le député doit changer de comportement. Le Parlement, ou l'Assemblée populaire nationale (APN) s'apprête à accueillir de nouveaux locataires. Le 17 mai au soir seront connus les nouveaux députés qui y siègeront durant les cinq prochaines années. A Béjaïa, une trentaine de listes, conduites par des personnalités populaires issues du monde politique, économique et civil, sont sur le terrain pour convaincre les citoyens, toujours réticents à l'acte de vote. Une réticence qui trouve sa raison d'être dans la méconnaissance du rôle du Parlement mais aussi de la défaillance dont avaient fait preuve les députés sortants, lors des législatives de 1997 ou de celles de 2002. C'est pourquoi, durant toute la campagne officielle, qui arrive déjà à sa deuxième semaine, les acteurs politiques ont sérieusement évoqué cette institution en donnant chacun sa vision. Il en est de même pour le rôle du député que tout un chacun tente de réhabiliter aux yeux des citoyens. Aussi, pour Sadek Akror du PST, «le Parlement est une arène où se mène un combat d'idées» et le «député est le porte-voix du faible, du démuni». Pour Dalila Aoudj, dont le parti MDS entre pour la première fois dans une course électorale, «le Parlement doit rester cette institution où légifèrent les représentants du peuple sur des questions liées à la vie de la nation». Mme Aoudj ajoute que c'est aussi une tribune d'expression qui répond au souci de porter la parole citoyenne sur les spécificités des régions. Au MDS, «le député doit représenter la population à laquelle il doit rendre compte aussi régulièrement que possible». Il faut ouvrir des permanences, se doter de conseillers pour mener à bien sa mission, assène Mme Aoudj qui s'indigne de «la désertion des bancs de l'APN» qu'elle considère comme «une trahison» qu'il faut pénaliser financièrement. Chez le MEN (Mouvement de l'entente nationale), M.Chabane-Chaouche Mohand Akli parle d'«un organe de contrôle de l'Exécutif, d'un moyen d'introduire des projets de loi, de transmettre et défendre les doléances citoyennes sur des questions de fonctionnement démocratique». Pour le MEN, «le député doit honorer sa mission par la défense des intérêts de la population qui a choisi son programme». Comme il est également question d'ouverture de permanence pour recueillir et donner les comptes rendus. A.Chabane estime que «le député doit assister les élus locaux de la région sans distinction». Plus que les autres, il exige «d'avoir le droit de regard dans les recrutements aux postes stratégiques». Meziane Belkacem qui conduit la liste indépendante «Fidélité», parle en connaissance de cause en matière d'assistance de l'élu local. En tant que maire, il estime que les élus locaux doivent être assistés par le député sortant. Il entreprendra dès son élection «de réunir l'ensemble des exécutifs communaux de Béjaïa pour un diagnostic socioéconomique de la région» avec au bout «un conseil consultatif sur le terrain». «Nous croyons que la politique nationale et régionale doit être la synthèse de l'ensemble des politiques locales», ajoute-t-il avant de souhaiter que «cette élection puisse faire émerger un nouveau personnel politique représentatif et crédible». M.Guendour Seddik du HMS, Mouvement pour la société civile, estime que «le pouvoir législatif est un élément essentiel et déterminant pour la vie politique, économique et sociale du pays, qui doit être indépendant, répondant au rôle de locomotive dans le fonctionnement de l'Etat». Prônant «le changement en douceur», le HMS, soutient que «le député doit être à l'écoute des préoccupations citoyennes qu'il doit porter aux autorités compétentes, promouvoir la région, contribuer par les amendements des textes allant dans le sens de l'amélioration du vécu du citoyen». Les nouveaux prétendants au siège de la députation paraissent maîtriser le sujet, même si les visions des uns et des autres diffèrent, mais il faut reconnaître que tout le monde s'accorde à dire que le député doit changer de comportement pour mieux appréhender son rôle de représentant du peuple. Il faut, dit-on, en substance qu'il en soit digne. Serait-ce un pas vers le changement? L'avenir proche nous le dira. Il reste à souhaiter que le geste soit joint à la parole. Ce n'est que de cette façon que les moeurs évolueront et le pays avec.