Il s'agit là d'un autre cadre qui quitte le pays pour un autre où on lui offre mieux. L'athlétisme algérien est sans directeur technique national. Depuis le départ de Lounès Madène, on est dans l'attente de la nomination de celui qui doit prendre en charge les questions de développement de la discipline, celles de la formation, de la prospection et des programmes de recyclage des entraîneurs. C'est peu de dire que c'est une direction parmi d'autres. Elle est la direction au sens propre du terme, celle sans laquelle toute entreprise d'évolution est vouée à l'échec. On a appris que la Fédération algérienne d'athlétisme aurait opté pour Ahmed Boubrit afin de remplacer Madène et qu'elle est dans l'attente de l'approbation de la part du ministère de la Jeunesse et des Sports. On voit là l'importance d'une telle structure dans la politique de développement d'une discipline sportive donnée. On a besoin de l'accord du MJS pour confirmer quelqu'un à ce poste. Mais l'essentiel ne se situe pas à ce niveau. Il est dans le départ de Lounès Madène vers le Bahreïn, où on a dû lui proposer mieux sur le plan financier et sur celui des moyens mis en oeuvre. Madène rejoint, ainsi, l'armada des techniciens algériens, tous sports confondus, qui exercent à l'étranger. Des cadres formés par l'école et les instituts algériens qui n'ont pas trouvé dans leur pays les conditions adéquates pour exercer leur métier. Loin de nous l'idée de jouer sur la fibre patriotique au point de vilipender ces techniciens. Ce sont des Algériens, comme le sont des dizaines d'autres secteurs, qui sont allés à l'étranger pour y vivre et pour gagner leur vie. Avant de les critiquer, il faut se demander si on leur a offert les conditions pour rester en Algérie. Ailleurs, dans d'autres pays, ce sont des athlètes qui changent de nationalité parce que là où ils vont on leur propose mieux. C'est comme ça, c'est humain et on ne changera pas le monde. En Algérie, on n'en est pas arrivé là, mais si on continue sur le même registre, il ne faudrait pas se montrer étonné qu'un de nos champions en arrive, un jour, à changer de passeport. Dans d'autres secteurs, on ne compte plus les cadres partis faire une spécialité à l'étranger et qui ne sont plus revenus au pays. S'agissant du sport, on se rappelle que l'actuel ministre de la Jeunesse et des Sports avait fait de la marginalisation des cadres l'un de ses chevaux de bataille. Il indiquait, un jour, que c'est parce qu'ils étaient «mis de côté» qu'ils fuyaient le pays pour s'installer à l'étranger. Avec le départ de Madène vers le Bahreïn, il s'est apparemment trompé dans son évaluation. L'intéressé n'était pas n'importe qui. Il avait été accepté par le MJS en tant que DTN de la Fédération algérienne d'athlétisme. Un jour, l'ex-président de cette fédération, Toufik Chaouch Teyara, nous confiait que l'une des raisons de sa rupture avec le MJS était que Madène travaillait, non pas en tant que DTN de la fédération, mais en tant que DTN du ministère. «Il ne m'informait même pas de certaines décisions qu'il prenait» nous avait-il dit. Si l'on en croit le président actuel de la Fédération algérienne d'athlétisme, Amar Bouras, Madène aurait expliqué sa démission de son poste de DTN par «son incapacité à travailler avec le bureau fédéral». Par cette déclaration, faite à l'APS, le président de la FAA reconnaît, qu'en dépit du départ de l'ancien bureau fédéral avec lequel il ne s'entendait, déjà, pas, Madène n'avait pas changé dans sa manière de voir les choses. Il se peut, donc, que certaines des idées du bureau fédéral actuel (élu depuis quelques semaines à peine) et sa façon d'agir n'ont pas du tout satisfait l'intéressé. Cependant, au delà de ces dissensions, il est admis que Madène a été attiré à Bahreïn par une offre financière autrement plus lucrative que celle dont il bénéficiait ici. Il ne déroge, donc, pas à ce qui se fait partout dans le monde où l'on va là où on travaille le mieux et où on gagne mieux sa vie. Il s'agit-là d'un cadre qui n'était pas marginalisé mais bien en poste. Apparemment, il va falloir revoir sa copie en la matière.