Le monde des entraîneurs reste toujours agité et ne semble pas vouloir se calmer de sitôt. Tenez-vous bien : 50 changements d'entraîneur ont eu lieu en 26 journées de championnat. Cela relève de l'incroyable ! Le RCK détient la palme avec pas moins de sept coachs consommés, suivi de l'USM Annaba avec 6 coachs. Le pauvre football algérien ferait son entrée dans le Guinness Book sans la moindre embûche ou contestation tellement il n'aurait pas de concurrent à ce niveau. C'est une véritable hécatombe qui frappe les techniciens du ballon rond. Voici pourquoi Mechiche du MC Saïda, remplacé à pied levé par Medjadj, serait le 48e entraîneur à faire les frais de la versatilité de ses dirigeants. Il se murmure déjà que d'autres collègues à lui pourraient rejoindre prochainement le cortège funèbre. Il s'agit, déjà, de deux adjoints, dont Boussekine de Jean-Yves Chay, et Rouabah de Azzedine Aït Djoudi. A quelques bornes de la fin du championnat, c'est donc une hécatombe pour les techniciens du football algérien. La faute incombe à une compétition sans véritable hiérarchie, où les clubs à gros budget ne parviennent pas à tenir leur rang face aux écuries les plus modestes, s'attirant les foudres de leurs légions de supporters et mettant les nerfs de leurs généreux actionnaires à rude épreuve. Le cas du RC Kouba ou de l'USM Annaba est un bel exemple de cette nouvelle mode «kleenex». Les clubs comptent, désormais, sur le fameux «choc psychologique» pour sauver leur saison. Dans le cas contraire, il faudra bien, un jour ou l'autre, régler le compte du coach pour faire taire les ultras. Nous ne sommes qu'à mi-chemin du parcours cahoteux du Championnat national de football et déjà des voix s'élèvent pour remettre en question les choix de tel ou tel entraîneur. Le monde du sport roi est ainsi fait : le meilleur entraîneur du monde, entendez celui qui a disposé, à une époque ou à une autre, de joueurs d'exception, doit s'attendre à être cruellement remis en cause dès que le vent tourne. La préparation de nos équipes, nous le constatons, à une ou deux exceptions près, n'a pas été à la mesure de l'attente. Le rythme du jeu n'a pas conquis les cœurs et les joueurs ne paraissent pas encore en état de donner le plus qu'on attend d'eux. C'est à se demander de quelle manière est perçue la préparation de l'intersaison qui revient d'année en année de plus en plus chère avec la mode des «stages» à l'étranger. En l'état actuel des choses, s'agit-il de choix stratégiques, de conceptions dont on n'a pas encore saisi l'objectif ou d'absence de communication entre les joueurs et leur entraîneur ? Des questions qu'on a commencé à poser et qui renferment le détonateur de la crise, des crises en gestation par lesquelles passent les techniciens opérant au sein des clubs. Nomination au poste de directeur technique : l'autre stratagème Dans très peu de temps, on entendra parler encore des premières conséquences de la gestation qui a lieu le plus souvent en cercle fermé. Et on apprendra qu'un entraîneur a été, soit affecté en qualité de «directeur technique» ou «responsable de la planification de la section de football». Vous croyez vraiment que changer d'entraîneur va arranger les choses ? Combien d'entraîneurs se sont succédé depuis le début de l'exercice ? La situation du club s'est-elle améliorée ? La réponse est non. Donc, la solution n'est pas là. Le problème se trouve chez les joueurs. Certaines équipes sont toujours construites autour de joueurs issus du réservoir du club à l'image du NAHD, de l'USMH, de l'ASO, du RCK, du WAT et de l'USM Alger. Cela marche bien pour eux. D'autres recrutent les meilleurs joueurs à coups de milliards, mais sans résultats probants. Un nouveau limogeage qui tait son nom et qui démontre, si besoin est, l'absence de politique qui mine les fondements de beaucoup de nos équipes. L'exception est la règle : Seuls l'USM Harrach et le NA Hussein Dey ont, jusqu'à présent, dérogé à ce nouveau phénomène du football en Algérie, préférant jouer la carte de la stabilité dans un championnat qui a consommé 48 entraîneurs depuis le coup d'envoi. Le nouveau sociétaire de la division une, le RC Kouba qui a été intégré en tant que club supplémentaire après son bras de fer avec la FAF, a vu défiler à sa barre technique tout un lot d'entraîneurs (Aït Djoudi, Cherif El Ouezzani, Mihoubi, Hammouche, Remane, Christian Dalger, Safsafi). Ce phénomène est souvent expliqué ou justifié par les mauvais résultats de certains clubs, et leurs présidents ont préféré sacrifier ces entraîneurs, qui sautent comme des fusibles, pour provoquer le déclic tant recherché. Si cette stratégie a porté ses fruits chez certaines équipes, d'autres formations, à l'image du MC Alger, continuent de manger leur pain noir. Le vieux club algérois, et malgré le départ du coach irakien, Ameur Djamil, n'arrive toujours pas à retrouver ses repères, même si le nouvel entraîneur, le Français Alain Michel, fait de son mieux pour redresser la barre. Les deux revers de rang essuyés par le MCA ont mis le coach français sur un siège éjectable, selon l'entourage du club. Et il a sauté, enfin, sans élan. Dans ces cas, c'est toujours la rue qui aurait imposé sa loi. Une loi qui, tant qu'elle sera de rigueur, entravera la marche de ce sport demeurant encore frileux au niveau de sa direction et de son organisation. Le comble est lorsque le club met la main sur un coach couvert de tant d'éloges, et considéré comme le nouveau messie. Malheur à lui, s'il rate le premier match : il sera jugé sur place, surtout s'il n'obéit pas aux ordres du président qui veut opérer un changement. Une nouvelle conflictualité d'incompatibilité d'humeur s'installe entre le boss et celui qui drive l'équipe. C'est étrangement curieux que des présidents connaisseurs en la matière pour avoir été de grands joueurs à leur époque, trouvent des justificatifs au lieu de trancher comme ils le faisaient si bien avant. De l'autre côté, à l'étage inférieur, de petits clubs, entraînés par de jeunes techniciens pleins de talent, sont en train d'émerger et de s'installer, dominant le championnat avec des résultats impeccablement réussis. Curieusement, certains ont quitté le pays pour s'installer de l'autre côté, dans les pays voisins. Ils ont été priés par leur président de quitter les lieux en raison de la première défaite du club. Ils sont en train de réussir chez nos voisins tunisiens et marocains, dans toutes les disciplines, ce qu'ils n'ont pas pu réaliser chez eux. N'allez pas nous dire, que là-bas, ils bénéficient de gros moyens. Fera-t-on confiance à la nouvelle vague de jeunes entraîneurs ? Depuis quelque temps, on assiste à une petite révolution de velours dans le monde très frénétique des entraîneurs, ou le limogeage des principaux coachs. Ainsi, l'entraîneur en place est vite remplacé par le coach adjoint, lequel ne tarde pas à se frayer son chemin parmi les grands. Les exemples foisonnent : ils prennent le relais et s'installent comme coach principal : Abdelhak Boufenara, Abdelhak Benchikha du Club Africain de Tunisie (champion sortant), Moussa Saïb, champion d'Algérie avec la JS Kabylie, Azzedine Aït Djoudi de l'ES Sétif engagé sur quatre fronts. D'autres jeunes coachs adjoints sont en train, eux aussi, de s'illustrer sur la scène nationale à l'image de Saïd Hammouche, l'ex-entraîneur de l'étonnante MC Saïda, de Liamine Bougherara qui a contribué au maintien de l'ASK dans le milieu du tableau et qui fait du bon travail au MSPB. Dans ce même registre, Farid Zemiti qui vise accession avec l'USM Koléa ou encore Zoheir Djelloul de l'équipe nationale A. Ces entraîneurs, jeunes et moins jeunes, auront-ils la chance et la confiance des grands clubs, et, surtout, de leurs supporters qui ne sont «rassurés» que lorsque leurs dirigeants leur ramènent des entraîneurs étrangers. Or, ces derniers ne sont pas toujours aussi compétents qu'on veut bien l'affirmer. En effet, les clubs algériens ne possèdent pas les moyens financiers nécessaires pour recruter des entraîneurs qui disposent d'un curriculum vitae consistant. Car un coach d'une certaine trempe coûte, aujourd'hui, sur le marché au moins une cinquantaine de milliers d'euros mensuellement. Or, il s'agit, là, d'un montant hors de propos et bien au-dessus des possibilités financières de nos clubs, y compris les plus nantis. C'est dire que, dans quelques saisons, avec un brin d'expérience supplémentaire, et à condition que les entraîneurs cités ci-dessus continuent à faire preuve de la même ambition, il faudrait bien un jour qu'ils bénéficient de la confiance des grands clubs. C'est tout le mal que nous pouvons souhaiter à ces entraîneurs, et à bien d'autres, qui constituent les cadres futurs de notre football. Le football algérien traverse une période intéressante avec la gestation de nouveaux talents tant sur le terrain que sur les bancs. En effet, mis à part l'éclosion de nombreux jeunes joueurs, nous assistons à l'émergence de plusieurs entraîneurs, jeunes et connaisseurs, qui pointent leur nez et aspirent à prendre en main les plus grandes équipes du pays. Nous assistons aujourd'hui à la naissance de nouveaux noms dont l'ambition consiste à s'installer durablement sur les bancs des plus grandes équipes du pays. Nous en avons dénombré une bonne dizaine dont le point commun est leur promotion récente au sein des équipes ambitieuses, parfois en tant qu'adjoints, parfois en tant que titulaires du poste. Y. B.