Le parti de Louisa Hanoune a réussi une prouesse à Bab El Oued où il a délogé le FLN après un long règne et supplanté le RND, le RCD et le MSP. La commune de Bab El Oued est tombée dans l'escarcelle du PT. Malgré le faible taux de participation au scrutin, le Parti des travailleurs est monté sur la plus haute marche du podium avec 1321 voix, talonné par le FLN avec 1259 voix. Le RCD a créé l'autre surprise de ces joutes électorales dans ce quartier symbole, en arrachant une troisième place avec 598 voix laissant derrière lui le RND et le MSP avec respectivement 306 et 204 voix chacun. M.Taâzibt, membre de la direction du PT, y voit une juste récompense des efforts déployés par son parti tout en tenant à préciser que son parti «s'est classé premier et deuxième dans plusieurs communes d'Alger». Il s'agit, dit-il, «des victimes de la politique économique et des réformes suivies par le gouvernement». Aux yeux de notre interlocuteur, «Bab El Oued est un quartier chargé d'histoire, il symbolise la révolte populaire du 5 octobre 88 et un fort bastion de la revendication des droits sociaux. Ces citoyens sont d'accord avec ce que nous proposons dans nos programmes. Particulièrement ce qui a trait à la souveraineté nationale, la justice sociale et le pouvoir d'achat. Et c'est aussi le résultat du travail de proximité que nous avons mené, les citoyens connaissent mieux l'identité politique du PT à travers les médias.» A vrai dire, le Parti des travailleurs s'est imposé dans plusieurs communes de l'Algérois, jadis fief des islamistes. Ces derniers qui se sont présentés sous différents sigles, MSP, En Nahda ou Islah, ont essuyé un échec cuisant à Bab El Oued. Le parti de Soltani n'a récolté que 204 voix. Alors que les autres ont été noyés dans l'urne. Il faut bien le dire, les citoyens de Bab El Oued ont tourné le dos aux législatives de 2007. Sur les 37.530 inscrits dans les listes électorales, le nombre de votants n'a pas dépassé le seuil des 6000. Un véritable camouflet aux 24 partis qui se sont présentés aux élections. S'agit-il alors d'un vote-sanction? Dans ce marasme, le parti de Louisa Hanoune se présente comme une véritable alternative et il y a fort à parier que les prochaines élections locales, qui auront lieu dans cinq mois, seront l'occasion de confirmer cette tendance. Pour schématiser la détonante prestation du PT à Bab El Oued, fief traditionnel du FLN et de l'ex-FIS, un représentant d'un parti politique présent à la mairie de la commune lors du dépouillement final des résultats, a eu cette réflexion qui en dit long sur l'étonnement du microcosme politique de BEO face à la prouesse de Louisa Hanoune: «Elle (L.Hanoune, ndlr) nous a massacrés! Elle nous a laminés!» Un aveu qui se veut une reconnaissance pour les efforts accomplis par le PT pour gagner la confiance des citoyens. Pour les observateurs sur place, cette performance est aussi le reflet de la réaction des électeurs face au mépris affiché par les anciens élus à l'APN qui se soucient plus de leurs intérêts personnels que du difficile quotidien du citoyen. C'est l'avis de ce jeune, la quarantaine, rencontré dans l'un des 94 bureaux de vote de la commune, qui a voulu transmettre un message en direction de la classe politique pour lui signifier qu'«elle est disqualifiée pour représenter le peuple». Lui aussi, a voté pour Louisa Hanoune «parce qu'elle parle vrai et se place aux cotés des masses populaires, des ouvriers et des laissés pour compte et elle l'a prouvé avec le travail accompli à l'Assemblée nationale où elle ne compte, pourtant, que quelques députés». Toutes les lectures faites autour du déroulement du scrutin à Bab El Oued font ressortir un constat immuable: les mentalités ont profondément changé. Un scrutin juste et transparent reflète les réalités enfouies jusque-là dans les méandres de la gestion administrative de la vie politique nationale et locale. Dans la majorité des bureaux de vote, le PT est sorti gagnant des urnes. Seul le FLN a résisté à la furia de la nouvelle dame de fer, Louisa Hanoune, exprimée à travers les images de l'Entv qui a couvert ses meetings populaires. La fraude n'a pas sévi dans ces lieux. Lors de notre tournée dans les différents bureaux de vote, nous n'avons observé aucune infraction, mise à part la doléance d'un citoyen, militant du FLN qui s'est plaint de ne pas pouvoir exercer son droit constitutionnel à cause d'une erreur administrative. Son nom a été rayé de la liste électorale sans aucun motif. «Je ne comprends pas pourquoi je ne figure pas dans la liste alors que j'ai participé aux scrutins précédents qui ont eu lieu en 1999, 2002, 2004 et 2005», tout en nous montrant sa carte d'électeur qui porte le numéro 058038 au nom de Salem Chérif Faycal. A 21h30, les résultats définitifs sont tombés donnant le PT vainqueur. Les rues de Bab EL Oued sont envahies de monde. Les voitures défilent aux sons des Hauts-Plateaux. L'ESS vient de terminer victorieusement son match de finale de la Coupe arabe. On se rend alors compte que notre jeunesse avait la tête ailleurs, en cette journée de jeudi 17 mai. On fait un tour dans les rues d'Alger-Centre. La fête déborde. Minuit passé, les voitures sillonnent toujours les grandes artères de la capitale. On revient à la mairie de BEO, les agents s'affairent à préparer les copies des PV des bureaux de vote pour les porter au niveau des services de la wilaya et du juge chargé du suivi des élections dans la commune.