Ce problème connaît d'inextricables complications. «Corruption et détournement», comme le soulignait Benflis, restent les maîtres mots de ce dossier dont les enjeux financiers se chiffrent à des milliards de dinars. Lors d'une tournée dans la commune de Beni Saf, le wali de Aïn Temouchent, wilaya de l'extrême ouest du pays, a piqué une colère et a dénoncé la reconversion en habitation individuelle de plusieurs terrains affectés dans le cadre de la création d'entreprises économiques. Il a même demandé, hier, aux autorités communales de Beni Saf de saisir la justice afin de poursuivre les «pseudo-investisseurs» qui n'ont pas respecté leurs engagements et ont détourné à des fins personnelles les terrains obtenus au niveau de la zone d'activité. Sur les 13 investisseurs qui ont bénéficié d'un lot de terrain dans ce cadre, deux seulement ont concrétisé leurs projets. Edifiant ! Plus à l'Est, dans la zone franche de Bellara à Jijel, les projets d'investissements dorment dans les tiroirs depuis 1997, avec tous les handicaps que cela occasionne à toute une région. L'un des plus saillants empêchements pour le démarrage de cette zone reste les conflits relatifs aux fonciers industriels et l'absence d'une politique claire en matière de foncier et d'appui à l'investissement dont découlent des situations complètement abracadabrantes. Le cas de la wilaya de Tizi Ouzou est édifiant, en ce sens que les cessions de terrains au profit d'investisseurs a connu une nette augmentation du prix du mètre carré qui est passé de 300 DA le m² à un prix oscillant entre 500 et 900 DA. Les représentants des pouvoirs publics, eux, jettent la pierre à certains investisseurs qui ne sont attirés que par la spéculation foncière et à d'autres qui «trouvent toujours des justificatifs pour ne pas concrétiser leurs contrats». Tirs croisés entre les investisseurs qui réclament une plus grande souplesse des procédures et des pouvoirs publics très ombrageux sur la question du foncier (industriel et plus particulièrement agricole), entre les deux parties, c'est toute la dynamique de développement local et national qui en pâtit. Dans la wilaya de Tipasa, 14 dossiers d'attributions de terrains à des fins industrielles ont été annulés l'année écoulée suite à une opération d'assainissement de la liste des investisseurs concernés. On se rappelle que depuis El Bayadh où il était en visite en janvier, le Chef du gouvernement a déclaré que «le développement ne saurait se réaliser que dans le cadre de la transparence, de la lutte contre la corruption et les détournements et la préservation du foncier». Mais la réalité est là: de par le pays, les projets d'investissements sont bloqués, sinon hypothéqués par le flou entourant la question du foncier industriel. «Corruption et détournement», comme le soulignait Benflis, restent les maîtres mots de ce dossier dont les enjeux financiers se chif-frent à des milliards de dinars. «Le citoyen doit faire preuve de patience et de discipline», a ajouté Benflis quand il a abordé la question du détournement du foncier et de la corruption y attenante, mais les dispositions relatives à la préservation de ce patrimoine demeure en deçà des attentes de l'investisseur et, par extension, aux milliers de citoyens qui espèrent trouver un emploi dans le cadre d'une redynamisation du secteur productif. La création d'une agence nationale pour la gestion des zones industrielles est notamment attendue pour donner un sérieux coup d'accélérateur à la promotion de l'investissement. Sinon, que voudront dire toutes ces promesses de «relance économique» si les problèmes d'assiettes foncières et d'infrastructures de base ne sont pas pris en charge.