Après cinq mois de crise à l'APC de Béni Saf, la majorité de ses membres viennent de retirer le retrait de confiance qu'ils avaient voté à l'encontre du maire. Est-ce la fin d'un conflit qui a handicapé l'action de la commune et qui remonte à l'instant précis de l'annonce des résultats de l'élection de l'actuelle APC ? Avant de répondre à cette question que tous les Béni Safiens se posent avec appréhension, il est utile de rapporter la manière avec laquelle elle a été dénouée. Il y a deux semaines, le wali a nommé, à titre temporaire, le secrétaire général de la daïra d'El Maleh en cette même qualité à l'APC de Béni Saf avec mission d'y remettre de l'ordre et de réhabiliter l'autorité de l'Etat. Le fonctionnaire, outre ses qualités de commis de l'Etat rompu aux rouages de l'administration locale et de ses élus, possède de rares talents de négociateur. Une médiation subtile Par ailleurs, n'étant pas de Béni Saf et n'ayant été impliqué en aucune manière dans le conflit, il a pu approcher les élus par un travail de coulisses, ce qui lui a permis de mettre à plat les différends qui s'avéraient en définitive comme d'aucuns le pensaient, n'être que la partie émergée de l'iceberg. En effet, il était évident pour tout un chacun qu'il y avait à la base les interférences occultes de notables et de rentiers du système qui agissaient contre un maire qui leur avait déclaré la guerre lors de sa campagne électorale. Ce qu'il ne manquera pas de leur faire une fois élu premier magistrat de la ville. C'est à tout cela et à de détestables relations humaines entre les uns et les autres que les bons offices du nouveau SG devaient remédier. Au bout de deux réunions de conciliation, l'APC a pu renouer avec les délibérations. Le changement de l'exécutif communal souhaité par les contestataires n'a pas été concédé, du moins jusqu'à la fin de l'année, après la présentation du bilan des uns et des autres alors que la composition des commissions a été réajustée. D'ores et déjà, sept points ont été entérinés sur les dix-neuf à régulariser et sur lesquels le P/APC avait dû trancher durant l'absence de cinq membres de ses pairs. De graves anomalies constatées Pour le coup, le wali en visite de travail à Béni Saf, a tenu à prendre solennellement acte du retour à la normale au sein d'une APC dont il envisageait la dissolution. Aussi, s'adressant au maire, il a appelé, à travers lui, la municipalité à rattraper le temps perdu et a signifié que l'effort devra être concentré, pour l'essentiel, sur l'amélioration du cadre de vie de la population et l'arrêt de l'anarchie qui gangrène leur cité depuis plus d'une décennie. A titre d'exemple, il a cité de graves anomalies : une autorisation accordée à un citoyen de scier un pilier d'un bâtiment de l'OPGI, la légalisation d'une attestation de cession d'un logement social par son bénéficiaire au profit d'un tiers, l'installation d'une bergerie en milieu urbain et l'érection de villas au sein de la zone d'activité. Le chef de l'exécutif de wilaya n'a pas manqué de signaler que, malgré le marasme que vivait l'APC depuis son installation, l'Etat a consenti d'importants efforts en faveur de Béni Saf. A cet égard, en 2004, la commune de Béni Saf a bénéficié de l'injection de nombreux projets de développement à travers les programmes de développements sectoriels et communaux, le tout totalisant près d'un milliard de dinars. Ainsi, 500 millions de dinars sont allés à l'aménagement du port, 60 millions à l'amélioration du réseau AEP, 70 millions au détournement des eaux usées qui se déversaient dans le port, alors que 48% de l'enveloppe financière en PCD accordée à la wilaya ont été accordé à Béni Saf, soit 180 millions de dinars dont 34 millions serviront à doter la ville d'une mairie à la dimension d'une ville dont la superficie a été multipliée par 100. A titre de comparaison, la contribution de la commune en autofinancement n'atteint que 50 millions de dinars. Cependant, malgré ces énormes investissements, la population a été flouée dans ses aspirations par ses élus. Ceux-ci vont-ils se ressaisir alors que leur ville dispose des moyens de redécoller, d'autant que le wali a promis qu'elle demeurera une priorité de la wilaya pour 2005 ? Ce dimanche, une réunion, sous l'autorité du SG de la wilaya, devra arrêter le programme de développement de la commune pour l'année prochaine.