Tout a commencé quand une brigade de la DCP a effectué un contrôle au niveau du hangar d'un entrepreneur. Les services de la Direction du contrôle de la concurrence et des prix (DCP) de la wilaya d'Oran ont saisi 9.000 tonnes de ciment périmé destiné à la vente. Au-delà de l'importance de la quantité saisie, l'enquête déclenchée devrait trouver des réponses à une multitude de questions pour connaître qui se cache derrière ce scandale qui vient ébranler un secteur frappé de plein fouet par la récession économique et qui est devenu la chasse gardée de certains pontes de l'import-import. Tout a commencé quand une brigade de la DCP a effectué un contrôle au niveau du hangar d'un entrepreneur, un certain B. A. Sur place, les enquêteurs découvriront que ce dernier faisait sortir de la zone sous douane des quantités de ciment périmé importé par la Sarl Rotalgérie. Le ciment prélevé des magasins sous douane était convoyé vers un hangar situé à Haï Bouamama pour y être conditionné. L'astuce consistait à vider les sacs arrivés à péremption en l'an 2000 et à remplir le ciment dans de nouveaux sacs portant la mention, importé par la SARL Rotalgérie avec la date de péremption 2001. B A. conditionnait son ciment «frelaté» dans des sacs portant aussi la mention de l'Erco de Zahana. Une question se pose alors: comment des sacs, propriété d'une entreprise publique, ont-ils atterri dans les locaux d'un entrepreneur privé? Les services du contrôle de la qualité et des prix ont saisi, au cours de cette opération, des quantités de ciment entreposées au niveau de plusieurs hangars. A Chtaïbo ou était reconditionné le ciment, les enquêteurs ont saisi 210 sacs de produits finis conditionnés en unités de 50 kg et environ 400 tonnes de produit en vrac. A Haï Bouamama, lieu de transit de la marchandise, les éléments de la DCP mettront la main sur 20.000 sacs de 50 kg. Dans la zone sous douane dépendant de Filtrans ( une entreprise publique), 3.354 tonnes de ciment ont été saisies. Le fait que ces quantités de ciment périmé aient été prélevées de la zone sous douane prouve l'existence de complicité avérée au niveau de certaines institutions publiques. Car il n'est pas normal de voir une marchandise placée sous la protection des services des douanes, quitter les hangars et être proposée à la vente. Les services de sécurité chargés de l'enquête auront du pain sur la planche, car ils auront à débusquer ceux qui ont permis, en toute impunité, au sieur B. A., entrepreneur, de conditionner du ciment et de se muer en grossiste dans la vente des matériaux de construction. Mieux encore, l'enquête permettra aussi de savoir comment il a réussi à disposer de grandes quantités de sacs d'emballage propriété de l'entreprise publique Erco Zahana. Le procureur de la République, près le tribunal d'Es-Sénia, qui avait délivré le mandat de perquisition qui avait permis de mettre la main sur le trésor de B. A., a ordonné l'ouverture d'une enquête dans laquelle sont sollicités plusieurs services. A Oran, on parle de plusieurs entrepreneurs versés dans le bâtiment qui se seraient reconvertis à la vente en gros des matériaux de construction. L'interruption temporaire de production de l'Erco-Zahana, pour des problèmes liés à l'environnement, avait ouvert la voie à plusieurs réseaux maffieux pour prendre en charge le secteur de l'importation des matériaux de construction. Cette activité a pris de l'ampleur quand les derniers programmes de construction de logement ont été lancés. C'est ce qui expliquerait en partie la prolifération de revendeurs de matériaux de construction à Oran. La mafia, qui a fait de ce marché un filon juteux, ne s'était embarrassée d'aucun scrupule, il y a quelques années, pour inonder le marché national de rond à béton irradié et importé d'Ukraine. L'astuce à l'époque avait consisté en un reconditionnement de la marchandise dans des ports turcs et italiens avant de l'expédier vers l'Algérie. L'affaire du ciment périmé pourrait toucher d'autres régions du pays puisque certaines sources n'hésitent pas à affirmer que B. A. a inondé le marché national de sa marchandise. Pour le moment une saisie conservatoire a été ordonnée pour toutes les quantités de ciment (dont la date de péremption est 2001) proposées à la vente à Oran. Les ser- vices du CTC, alertés par les rumeurs d'effondrement de certaines dalles construites récemment à Oran, ont entrepris des vérifications au niveau de plusieurs chantiers pour déterminer la nature et la provenance du ciment qui a servi à la construction.Plusieurs interpellations ont été effectuées et le scandale risque d'éclabousser plusieurs personnes, voire plusieurs services, et pourraient révéler l'implication de plusieurs individus qui ont parasité le secteur de l'importation des matériaux de construction pour en faire un marché juteux qui leur a permis d'amasser des fortunes sans se soucier de la sécurité d'autrui.