A plus de 71 dollars, le baril de Brent de la mer du Nord a atteint son plus haut niveau depuis août 2006. La saison des grands déplacements en voiture, aux USA, est imminente. Des inquiétudes pèsent sur les réserves d'essence aux Etats-Unis. Les tensions géopolitiques sont exacerbées. Le prix du baril de l'or noir se sent pousser des ailes. Jeudi 24 mai vers 16 heures GMT, le baril de Brent pour l'échéance de juillet sur l'intercontinental Exchange (ICE) de Londres cotait 71,22 dollars. Il a pris 62 cents. Il avait atteint 71,80 dollars, son plus haut niveau depuis le 28 août 2006. le baril de «Light sweet crude» à New York s'échangeait, quant à lui, à 65,15 dollars. Le marché pétrolier a rarement connu autant de secousses. A peine l'accalmie revenue que le prix du baril de pétrole est à nouveau chahuté. Il est dit que sa stabilité ne connaîtra pas de répit. Reconstitution des réserves d'essence américaines, tensions géopolitiques, conditions climatiques. Une alliance de facteurs redoutables qui poussent à la hausse le marché pétrolier. Le rapport hebdomadaire du DOE, département américain de l'Energie paru mercredi, fait mention d'une hausse de 1,5 million de barils des stocks d'essence aux USA. C'est la troisième consécutive. Les analystes en attendaient 1,2 million. Le baril de pétrole aurait dû y laisser quelques plumes. Le prix du Brent a affiché plus de 71 dollars. Effrontément. Que s'est-il donc passé? Les courtiers ont jugé la hausse trop faible, paraît-il. C'est le dernier week-end du mois de mai. Les berlines vont se ruer sur les routes qui relient les lointaines villes du vaste territoire américain. La consommation d'essence sera très importante. L'offre risque d'être insuffisante. Mais il n'y a pas que cela. Deux analystes de Sucden, Michael Davies et Andrey Kryuchenkov, soutiennent que «le marché se soit focalisé sur les inquiétudes géopolitiques après la remise du rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea) sur les activités nucléaires de l'Iran». Les experts ne savent plus où donner de la tête. Le marché pétrolier donne le tournis. Il défie les analyses les plus pointues. Trois facteurs sont incontournables pour la compréhension de la hausse du prix du pétrole. Le nucléaire iranien, l'instabilité au Nigeria ainsi que l'attaque contre un puits de pétrole au nord de l'Irak, à Kirkouk. L'incendie qui s'est déclaré prendra des semaines pour être circonscrit, selon un responsable militaire irakien. Une action qui risque de se généraliser. Un tournant peut-être dans la forme de guérilla que mène l'opposition irakienne contre la présence américaine sur son propre sol. Par ailleurs, le bras de fer, très tendu, entre l'Iran et les pays occidentaux avec, à leur tête, les USA, perdure. Ahmadinejad, le président de la République islamique d'Iran, ne veut pas faire marche arrière en ce qui concerne le programme nucléaire de son pays. L'ONU le menace de nouvelles sanctions. Est-ce l'annonce de crise ouverte? Les investisseurs le redoutent au plus haut point. L'Iran est situé au quatrième rang mondial des pays producteurs de brut. L'arme du pétrole. Une bombe d'un autre type, entre les mains des Iraniens. Iront-ils jusqu'à l'actionner? Au Nigeria, malgré l'annonce du groupe américain Chevron, de la reprise de la production de 15.000 barils/jour sur l'un de ses champs pétroliers dans le sud du pays, ce n'est guère l'optimisme. Port Harcourt connaît un début de grève. La protestation s'organise contre la privatisation d'une raffinerie. Le géant africain, 6e exportateur mondial, a vu sa production amputée de 800.000 barils/jour. Les marchés ne sont guère rassurés. Du côté de l'Opep, aucune augmentation de sa production pétrolière ne pointe à l'horizon. Son vice-président, le ministre algérien de l'Energie et des Mines, M.Chakib Khelil, l'a exclue. Tous ces ingrédients réunis suffisent à la bonne santé du prix du baril de pétrole. La fulgurance de son ascension est fortement prévisible.