L'approvisionnement précaire en essence aux USA et le regain de tension au Nigeria dopent les prix. Un regain de tension au Nigeria, conjugué à un approvisionnement «précaire» en essence aux Etats-Unis, ont provoqué une nouvelle hausse des cours du brut qui ont atteint, vendredi matin, à Londres des niveaux «plus hauts» depuis le 15 août 2006. Sur cette place, les cours ne sont plus très loin de leur record historique de 78,64 dollars du mois d'aout 2006. Les stocks d'essence aux USA, sont inférieurs de 4,2% comparés à leur niveau de 2006 alors qu'à l'occasion de la Fête nationale, quelque 41 millions de voitures sont sur les routes cette semaine. L'autre facteur qui dope les prix est le regain de violences au Nigeria, premier producteur africain de brut (et quatrième fournisseur des Etats-Unis). Les enlèvements d'étrangers s'y multiplient, et les attaques contre les infrastructures pétrolières sont une menace constante. En effet, jeudi, une fillette britannique de trois ans a été enlevée, et mercredi cinq expatriés d'une société forant pour le compte de Shell ont été kidnappés. Ces événements rappellent que «la situation peut toujours s'aggraver au Nigeria», a estimé un analyste qui relève que «les attaques ont amputé de presque un quart la production du pays». Le principal mouvement séparatiste du Sud nigérian, riche en pétrole, le Mouvement d'émancipation du delta du Niger (Mend), qui réclame une meilleure redistribution des revenus pétroliers du Nigeria en faveur des populations locales, a annoncé la fin de la trêve unilatérale. Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), le Nigeria a produit à peine 2 millions de barils par jour en mai, son plus bas niveau depuis début 2003. Cette baisse se solde en général par un report de la demande sur le Brent de la mer du Nord, lequel est d'une qualité très proche du pétrole africain: léger, à faible teneur en soufre, et relativement facile à raffiner. La demande reste vigoureuse faisant que le baril de la mer du Nord a dépassé hier, les 76 dollars (76,01). A New York aussi, le baril importé a dépassé les 72 dollars et même si l'essence ne manque pas, elle est inférieure de près de 5% par rapport à son niveau de stock de 2006 à la même saison, selon le département américain de l'Energie (DoE). Les réserves d'essence américaines ont progressé de 1,8 million de barils (Mb) au cours de la semaine qui s'est achevée le 29 juin, mais demeurent néanmoins de 4,7% inférieures à leurs niveaux de l'an dernier à pareille époque, selon le DoE. Ce niveau est jugé critique, au moment où un nombre record d'Américains sont sur les routes, selon l'Americain Automobile Association (AAA). Les investisseurs surveillent, également, avec inquiétude le taux de rendement des raffineries américaines. Ils craignent que celles-ci ne parviennent pas à satisfaire une demande qui atteint son pic annuel en été. Les raffineries ont, certes, amélioré leurs cadence, fonctionnant à 90% de leurs capacités, contre 89,4% la semaine précédente, mais ce taux de fonctionnement reste inférieur aux 95% jugés nécessaires par les analystes. Les réserves de brut ont, pourtant, augmenté de 3,1 à 354Mb et les réserves de produits distillés (gazole et fioul de chauffage, à 121,6Mb) de 1,2Mb, mais le marché n'en a pas tenu compte et des analystes ont signalé, jeudi, des problèmes dans plusieurs raffineries. Par ailleurs, le marché redoute qu'un regain de violences ne grève encore la production de brut du Nigeria. Les troubles et sabotages ont fait perdre, en 2006, au Nigeria une grosse part de sa production. Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), la production nigériane, amputée d'environ 800.000 barils/jour en mai, est tombée à 2,01 millions de bj, son plus bas niveau depuis le début de l'année 2003. Selon l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), le Nigeria a produit moins de 2 millions de b/j en mai.