Il devait être environ 10h30, quand le quartier de la gare routière de Tizi Ouzou a été secoué par une forte explosion. Un engin artisanal enfoui sous terre, près de la guérite du gardien, faisant face au siège de la sûreté de wilaya et au siège de la cour de Tizi Ouzou, a explosé, faisant deux morts, un citoyen qui a succombé à ses blessures sur la table d'opération à l'hôpital Nedir. Par ailleurs, 24 blessés sont à déplorer, dont huit sont restés en observation à l'hôpital. Aussitôt, les voyageurs attendant au niveau des quais d'embarquement et ceux dans le hall d'entrée ainsi que les citoyens, nombreux, se trouvant au niveau de la placette étaient tétanisés, essayant de fuir les lieux. Quelques minutes plus tard, la noria d'ambulances et les véhicules de la Protection civile, fonçant sur les lieux, ajoutaient à l'atmosphère de psychose. Sur place, la foule se renseignait. Quasi hystérique, elle se heurtait aux barrières de la police qui empêchait les gens de s'approcher, avant que les lieux ne soient entièrement sécurisés. Les nerfs étaient à fleur de peau. Les citoyens se trouvant dans les parages, l'air hagard, ne savaient plus quoi répondre aux sollicitations des uns et des autres. Selon Ali, qui habite Maâtkas et venu hier matin pour une affaire à la cour: «L'explosion a eu lieu au moment même où je descendais la ruelle menant de la cour vers l'avenue principale, soit à environ une quinzaine de mètres de l'explosion. Le souffle m'a jeté à terre, la bombe devait être assez puissante. Comme tous les gens qui étaient là, on a fui immédiatement car on avait peur d'un second engin.» Des citoyens, encore sous le choc, parlent d'un kamikaze. Un chauffeur de taxi, qui se trouvait au niveau du lieu de l'explosion, dira la panique qui s'est emparée des gens. «Ils fuyaient partout, ne sachant où aller. C'est horrible! J'ai vu le policier tomber, mais il faut dire qu'en pareille circonstance, on n'a plus sa tête à soi, l'essentiel est de fuir les lieux! Moi, si, en fait, je n'ai pas fui, c'est tout simplement une sorte de paralysie qui m'a envahi!» La foule grossissait et les policiers deviennent de plus en plus nerveux. Les observateurs affirment que la cible n'était pas la gare routière, mais plutôt le siège de la sûreté de wilaya ou peut-être le siège de la cour. D'ailleurs, au niveau de la cour, la foule des justiciables présents sur les lieux a été fortement secouée. La grosse question que tous les citoyens se posent est celle de savoir comment des criminels ont pu enterrer pratiquement devant deux gardiens et des policiers un engin explosif. Rappelons que depuis la bombe ayant explosé en 1996 devant l'arrêt de Redjaouna, Tizi Ouzou n'a plus connu de telles scènes. Certes, depuis le 14 février, jour des attentats synchronisés contre la caserne de la Bmpj de Draâ Ben Khedda, la gendarmerie de Si Mustapha et les autres postes de police à Boumerdès, de nombreux attentats ont été enregistrés en Kabylie. Parmi ces attentats, il est à signaler la veille, soit le 13 février, l'explosion d'un engin artisanal enterré dans la piste reliant le port de pêche de Tigzirt à la plage Tassalest, à Aïn Zaouia, et le 30 mai dernier, c'est le barrage fixe tenu par la garde communale d'Aïn Zaouia qui est ciblé par les terroristes, qui ont fait exploser une bombe, blessant deux gardes communaux. Enfin, deux terroristes ont été abattus près de Taboukert, le 30 mai, et un attentat a été enregistré contre la police communale d'Ath Khellili, dans la daïra de Mekla.