Le porte-parole du gouvernement de Rabat a confirmé officiellement la présence de son pays aux négociations avec le Polisario, prévues le 18 juin prochain. Le Maroc participera-t-il aux négociations avec le Front Polisario, prévues le 18 du mois en cours? Jusqu'à jeudi, la réponse était presque quasi impossible. Et ce, en raison des tergiversations, mais surtout des manoeuvres auxquelles s'adonnait le Royaume chérifien. Fin du suspense peut-être, le porte-parole du gouvernement marocain, Nabil Benabdellah, a fait savoir, jeudi, que son pays ira, bel et bien, aux négociations, prévues le 18 juin près de New York. «Rabat participera à ces négociations avec bonne foi et sans conditions préalables, conformément à la volonté du Conseil de sécurité de l'ONU», a laissé entendre Nabil Benabdellah. Le porte-voix du gouvernement, Driss Jettou, a précisé que la délégation marocaine sera formée dans les prochains jours. Tant mieux! Pourvu que le Maroc maintienne son engagement. Depuis le 30 avril, date de l'approbation par le Conseil de sécurité de la résolution 1754, le Maroc n'a cessé de tenter un nouveau coup publicitaire pour son projet dit «d'autonomie pour le Sahara». D'où la difficulté de voir le Maroc prendre le chemin de New York, le 18 juin. Tantôt chez les Français, les protecteurs traditionnels du Maroc, tantôt au sein du palais royal, en recevant les princes des monarchies du Golfe, Rabat a tenté, ces derniers temps, de faire avaliser le projet «d'autonomie» par les visiteurs du Maroc. D'ailleurs, Rabat a annulé sine-die, la semaine dernière, la visite au Maroc du président brésilien, Lula Da Silva, dont la position sur le dossier sahraoui est connue en faveur de l'autodétermination du peuple sahraoui. Quand on vient au Maroc, il faut commencer par soutenir le projet «d'autonomie». Or, la résolution claire et nette sur cette question sahraouie ne souffre pas d'interprétation. Le nouvel objectif du Royaume chérifien est de faire impliquer l'Algérie dans le conflit. Le Royaume alaouite ne cesse de nager à contre-courant de la résolution 1754 qui a défini clairement les deux parties au conflit. Jeudi encore, Rabat a tenté, une fois de plus, d'impliquer l'Algérie. Par la voix de son porte-parole du gouvernement, Rabat considère que le conflit du Sahara occidental «doit être réglé par les parties concernées» et «l'Algérie en fait partie». Ça ne date pas d'aujourd'hui. C'est, en fait, une lecture biaisée qui est celle de Rabat dans une question qui est et reste un problème de décolonisation sans autre interférence. L'enjeu primordial du Royaume est la date du 18 juin, c'est-à-dire le début des négociations «directes et sans conditions préalables». Le Maroc et bel et bien aux abois, après un échec du forcing diplomatique sans précédent aux fins de faire avaliser le projet «d'autonomie». Fin tragique du scénario. Après quoi, à neuf jours de l'entame des négociations, le Maroc donne l'impression de vouloir se conformer (enfin?) aux recommandations du Conseil de sécurité. L'on s'interroge, toutefois, sur les véritables visées du Maroc qui s'adonne encore à de fausses pistes, dont celle d'impliquer l'Algérie dans le conflit. Nabil Benabdellah, porte-voix du gouvernement marocain, a laissé entendre encore que «l'ambiguïté dans la position de l'Algérie, qui soutenait qu'elle n'était nullement une partie concernée par ce conflit, est maintenant levée». De fait, comme à l'accoutumé, le Maroc, qui a toujours vidé les résolutions de l'ONU de leur contenu, tente une nouvelle fois de trouver un échappatoire pour ne pas avoir à aborder de front la donne des négociations directes avec le Polisario dont la date se rapproche. La position de l'Algérie ne souffre d'aucune ambiguïté. C'est un simple soutien à un peuple privé de sa liberté et son indépendance, comme celui exprimé d'ailleurs à l'égard des peuples palestinien et irakien. «L'Algérie montre qu'elle intervient et s'implique directement dans toutes les évolutions que connaît le dossier du Sahara», estime encore Nabil Benabdellah. Allusion faite aux négociation prévues le 18 juin près de New York, entre le Maroc et le Font Polisario, sous l'égide de l'ONU. La fin de la semaine dernière a été marquée aussi par l'examen de la question sahraouie par le Comité spécial chargé d'étudier la situation sur l'application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, dit aussi Comité des Vingt-Quatre. La question de la décolonisation du Sahara occidental figure au programme du Comité depuis 1965 et a déjà fait l'objet de 41 résolutions. La 4e commission de l'ONU dite de décolonisation aura aussi à rendre son verdict, le mois d'octobre prochain, au sujet de la question sahraouie. Un planning qui met aux abois le Royaume chérifien.