Le Maroc a enfin annoncé, jeudi, sa participation aux prochaines négociations avec le Front Polisario qui doivent débuter le 18 juin à Manhasset, près de New York. « Nous sommes à la veille des négociations et nous y allons avec grand optimisme et avec une forte volonté de tourner définitivement cette page », a déclaré le porte-parole du gouvernement marocain, Nabil Benabdellah. Ce dernier, qui est également ministre de la Communication, a ajouté : « Nous souhaitons que tout le monde fasse preuve du même esprit positif et du même respect de la dernière résolution de l'ONU qui a appelé à des négociations directes et de bonne foi sans conditions préalables. » La délégation marocaine, présidée par le ministre de l'Intérieur, Chakib Benmoussa, comprendra le ministre délégué aux Affaires étrangères et à la Coopération, Taïeb Fassi Fihri, et Fouad Ali Himma, ministre délégué à l'Intérieur du roi Mohammed VI. On remarquera alors l'absence des ministres des Affaires étrangères Mohamed Benaïssa qui avait pourtant participé à de précédentes négociations sous l'égide de M. Jams Backer entre 1997 et 2000. Le Maroc et le Front Polisario ont été appelés par le Conseil de sécurité de l'Onu, dans sa résolution 1754 du 30 avril dernier, à engager « de bonne foi, et sans conditions préalables », des négociations directes, sous les auspices de Ban Ki-moon, SG de l'ONU, « en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara-Occidental ». La partie sahraouie a déjà affirmé sa volonté d'aller à ces négociations « animée de bonne foi et sans conditions préalables ». Elle a même vulgarisé la composante de sa délégation qui sera conduite par Mahfoud Beiba, président du Parlement sahraoui et de trois autres membres du Front Polisario : M'hamed Khedad, Brahim Ghali et Ahmed Boukhari. Mais, le Front Polisario doutait de la sincérité du royaume chérifien en adressant, d'ailleurs, il y a quelques jours un appel « solennel et urgent » à l'ONU afin « d'amener Rabat à respecter l'objectif » des pourparlers tels que déterminé par la résolution 1754 du Conseil de sécurité. Cependant, en acceptant d'aller négocier, le Maroc va-t-il accepter de le faire autour d'un référendum pour l'autodétermination du peuple sahraoui ? Pour mémoire, le Maroc et le Front Polisario ont déjà négocié durant des années – depuis 1988 – en vue d'organiser le référendum d'autodétermination du peuple sahraoui. En septembre 1991, un accord de cessez-le-feu entre les deux parties est entré en vigueur, sous l'auspice de l'Onu, après 16 ans de guerre. Mais le Maroc a réussi à faire traîner les préparatifs du référendum d'autodétermination, en jouant la carte de l'identification du corps électoral, jusqu'en 2004, lorsque le roi marocain Mohammed VI, revenant sur les engagements qu'avait pris son défunt père, le roi Hassan II, a refusé le principe même d'un référendum qui inclurait l'option de l'indépendance du Sahara-Occidental. Le Maroc essaye de vendre depuis un projet d'« autonomie » pour le Sahara-Occidental, dans le cadre d'une « souveraineté marocaine », que le Front Polisario a immédiatement considéré comme « nul et non avenu ». Dans sa résolution 1754, le Conseil de sécurité de l'Onu a refusé d'endosser le projet d'autonomie de Rabat, prenant seulement « note » de l'« initiative » marocaine, de même que celle présentée parallèlement par le Front Polisario. Dans sa « proposition pour une solution politique mutuellement acceptable assurant l'autodétermination du peuple du Sahara-Occidental », datée du 10 avril dernier, le Front Polisario avait affirmé sa disponibilité à négocier directement avec le Maroc, sous les auspices de l'Onu, pour « la mise en œuvre d'un référendum d'autodétermination authentique ».