Des festivités culturelles ont animé le centre-ville et réjoui la population. Quand, venant d'Alger, on entre dans Bouira, on est agréablement surpris par l'évolution rapide de la ville. Les constructions, pour soulager de la pression du manque de logements, ont mordu dans les champs de blé et, au loin, sur les mamelons, dominent de nombreuses cités sur lesquelles miroitent les fatales paraboles qui donnent un peu de joie aux gens de l'ancien carrefour, le probable Hamza ou Souk Hamza d'avant le xie siècle. Mais, souvenirs de lectures, on imaginerait bien, à l'époque ottomane, le bey de Constantine, en personne, à la tête de ses troupes de janissaires se rendant à Alger pour apporter au dey le ´´dönû´´, l'impôt triennal. C'était alors, pourrait-on dire, à Hamza, carrefour stratégique, sur la route Alger-Constantine qu'il passait la nuit, d'autant qu'un bordj éponyme turc y a été construit vers la fin du xviiie siècle par Mohammed-Bey de Constantine. Jeudi dernier, Bouira était en fête. Des festivités culturelles animent le centre-ville. Dans un ancien édifice, aménagé en Institut régional de musique de Bouira sous la direction de M.Moncef Hasnaoui, de l'effervescence pétille dans les yeux des jeunes élèves: on chante, on pianote, on se cultive. À quelques pas, à l'entrée du mémorable cinéma Errich, s'affairent les artistes de la troupe théâtrale dirigée par Abdelkader Tadjer (auteur et metteur en scène) et Boualem Aïssaoui (CIM Audiovisuel, producteur et réalisateur). On décharge, on déballe le décor et le matériel. La pièce «Madinet El Hob», soutenue par le ministère de la Culture dans le cadre «Alger, capitale de la Culture arabe 2007», est prévue pour être jouée en fin d'après-midi. L'écrivain Kaddour M'Hamsadji, spécialement invité par la wilaya, assiste à cette représentation; il est accompagné de son épouse et de l'écrivain Zakad Abderrahmane bien connu par ses dernières publications. Le jeune directeur de la culture de la wilaya de Bouira, Omar Reghal est partout, s'occupe de tout. Il tient à la réussite de l'événement dans cette région qui reprend confiance, après la tragédie nationale, et où la population a longtemps été privée de manifestations culturelles. Justement, la salle, archicomble, attend patiemment les symboliques trois coups. Le silence se fait, les artistes entrent en scène. La pièce commence, en présence de M.le wali Farsi Abdelkader, de M.le président de l'A.P.C Larbi Mohamed; elle se déroule sous le regard émerveillé de nombreux spectateurs dont certains n'auraient jamais vu à Bouira une pièce de théâtre. Pendant deux heures, dans cette pièce à costumes et à thème historique (La vie à Alger pendant la période ottomane), les artistes, des anciens et des jeunes, tous à leur personnage, font vibrer la salle en des tableaux pleins de sensibilité provoquant des applaudissements fréquents et mérités. À la fin de la représentation, M.lewali et M.le président de l'A.P.C félicitent la troupe et son metteur en scène ainsi que tous ceux qui y ont participé et, tour à tour, avec des invités de marque, ils remettent des prix de reconnaissance à des artistes de la wilaya. Ce sont: Moncef Hasnaoui (musicologue et artiste), Mokhtari Hassen (musicien, homme de théâtre), Benzitoun Boualem (chanteur de bédoui), Mokdad Miloud (artiste peintre) et, à titre posthume, Rahim Galia-Saoud (artiste peintre). Ensuite, M.le wali honore Kaddour M'hamsadji, un de nos grands écrivains, en le ceignant d'un burnous blanc, offert en hommage à l'enfant de la wilaya. L'écrivain, surpris et très ému, prononce quelques mots de remerciements s'adressant au public, aux autorités de la ville et aux organisateurs puis il a engagé les jeunes à lire et à connaître la culture de leur pays. On annonce que d'autres artistes de la wilaya seront également récompensés à l'occasion des prochaines manifestations culturelles et qu'une semaine culturelle de la wilaya de Bouira sera organisée à Alger-Ryadh El Feth du 24 au 28 juin. Les gens sortent satisfaits et divertis, la salle Errich se vide. Le dynamique directeur de la culture défait sa cravate et sourit. La fête a été une réussite.