La gendarmerie, une institution républicaine et un corps de sécurité, a été au centre du discours du Président de la République et - surtout - de l'intérêt des personnalités politiques présentes, hier, au Palais des nations.- Toutes attendaient ce que le Président allait décider à propos de ce corps de sécurité, et restaient accrochées à ses lèvres, jusqu'à ce qu'il annonce, d'un ton péremptoire, précis et sans fioritures, que «la Gendarmerie nationale est une institution de la République qui se déploie avec les mêmes missions sur l'ensemble du territoire national», et qu'«il serait inconcevable, alors que le pays tout entier continue à lutter contre la barbarie terroriste et toutes les autres formes de la délinquance, d'en demander le démantèlement pur et simple». Stigmatisant au passage le rapport Issad, qui n'a pu ou n'a pas su jeter la lumière, avec précision, sur les responsables des émeutes en Kabylie, le Président de la République a rappelé que le lendemain de la mort de Guermah Massinissa, le brigadier, responsable du drame, a été écroué, puis jugé et enfin emprisonné. Comme il a rappelé que «au moins, cinq officiers et 24 brigadiers du corps de la gendarmerie font l'objet de mandat de dépôt, et doivent répondre du chef d'homicide et pour usage abusif d'armes à feu». «Le déroulement des procès se fera en toute transparence, sans équivoque, sans zone d'ombre», a-t-il précisé. Et d'ajouter: «La justice doit faire son travail en toute indépendance. J'userai en ce qui me concerne des pouvoirs discrétionnaires que me confère la Constitution pour que la lumière, toute la lumière, soit faite sur les tenants et aboutissants de cette tragédie nationale.» Pour donner un sang nouveau à la Kabylie, au tout début des émeutes, le Président de la République a rappelé que «la relève des effectifs de gendarmerie a concerné 681 officiers, sous-officiers et gendarmes». Toutefois, il a laissé entendre que l'implantation de certaines brigades, dans certaines communes, peut être réétudiée au cas par cas, si la raison et la logique l'exigent. «Il est envisagé de réexaminer l'implantation des unités de Gendarmerie nationale sur le terrain, chaque fois que des motifs pertinents le justifient», a-t-il précisé, avant de revenir immédiatement sur la nécessité de dépasser, une fois pour toutes, le débat concernant une «institution de la République». «L'Etat a besoin de lois. Il a besoin de civisme. Il a besoin de moyens pour faire respecter la loi», a-t-il martelé. Voici donc la réponse du Président de la République à tous ceux qui réclamaient, avec une facilité et un simplisme déroutants, que «soient démantelées de la Kabylie les unités de Gendarmerie nationale». Occupant une place importante dans la plate-forme d'El-Kseur, le départ de la gendarmerie de la région kabyle a été aussi au centre des polémiques politiques et sécuritaires les plus controversées. Pendant près d'une année, le face-à-face gendarmerie-émeutiers a alimenté la haine, attisé et exacerbé les sentiments des jeunes Kabyles envers la «tenue verte» de ce corps de sécurité, perçu comme la concentration, le résumé, la représentation humaine d'un Etat, remis en cause chaque jour un peu plus. Il est encore trop tôt pour apprécier la réaction des citoyens kabyles vis-à-vis de ce ton, franc et lucide, que le Président a développé lors de son discours devant la nation. Mais il a déjà le mérite d'avoir mis un terme à une polémique stérile concernant un corps de sécurité qui est mis au service des citoyens algériens.