L'anticyclone des Açores empêche les perturbations venues d'Europe et du pôle Nord. Une vague de chaleur est attendue à partir d'aujourd'hui à travers le territoire national. Le ministère de la Santé vient même de lancer une alerte canicule. Il recommande une série de précautions à prendre en cas de forte hausse du mercure. Il s'agit, notamment d'éviter de sortir aux heures les plus chaudes, boire suffisamment d'eau, éviter les activités extérieures...et fermer les volets et les rideaux des pièces exposées au soleil. A noter que c'est la première fois que ce département met en garde contre les effets néfastes de la vague de chaleur. Elle persistera encore, aujourd'hui, chez nous comme sur tout le pourtour du Bassin méditerranéen, notamment sur les rives sud, après avoir sévi plusieurs jours sur les pays de l'est du Maghreb. Régie par un centre de haute pression globale, confortée par l'anticyclone des Açores, cette vague d'air chaud a embrasé tout le Bassin méditerranéen. Cette haute pression s'étend jusqu'en Libye, empêchant la circulation des perturbations atmosphériques venant d'Europe et du pôle Nord et leur pénétration dans la face septentrionale de la Méditerranée. Ces perturbations contournent cette zone en se heurtant au «barrage» constitué par l'anticyclone des Açores. Allant plus loin avec L'Expression dans ses explications, Abdesslem Chougrani, chargé de l'information auprès de l'Office national de la météorologie (ONM), a précisé que cette vague de chaleur est «exceptionnelle dans la durée», et s'accompagne d'une autre zone de haute pression qui s'est installée au sud de l'Italie et une partie de la Libye, créant des courants sud-sud et des courants sud-est chargés d'un air très chaud et de vents forts causant même d'importants tourbillons de sable. Cette zone permet, aussi, des remontées d'air chaud et sec à partir des régions sahariennes vers les reliefs du nord des pays du Maghreb de l'Est, le Maroc étant quelque peu épargné car jouissant des effets modérateurs du Gulf Stream venant de l'océan Atlantique. Ce contraste thermique s'étend vers le sud de l'Europe et influe sur les températures. Cette situation exceptionnelle, car ne devant durer que 2 jours au lieu de 4, a ajouté Chougrani, a déjà «été vécue et le sera encore» surtout en fin des saisons printanières. Quoi que l'on dise, les autres facteurs négatifs restent la pollution et l'effet de serre qui influent négativement sur le climat. Ceci étant, plusieurs villes de l'est et du sud de l'Algérie ont enregistré, ces derniers jours, une forte hausse des températures embrassant, selon l'ONM, une fourchette de 42 à 48°C à l'ombre. Les températures maximales devraient progresser de 3,5 à 4,5 degrés, contre 5 à 7, si la tendance actuelle n'est pas modifiée. La différence semble minime, mais elle peut aller jusqu'à diviser par deux le risque de journées particulièrement insupportables. Cet aspect préoccupant nous offre un Paris qui «rôtit» et une Méditerranée qui «s'étiole» en épousant une image peu rassurante sur le réchauffement planétaire. Les jours chauds vécus aujourd'hui pourraient être considérés comme de «douces journées d'été» à la fin du XXIe siècle si l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES) persiste, avertissent les spécialistes. Le nombre de journées chaudes nuisibles à la santé va augmenter de 200 à 500%, rendant plus intenses et plus fréquentes les canicules similaires à celle qui a tué 15.000 personnes en France en 2003. Selon l'étude, Paris devrait connaître 49 journées caniculaires de plus par an, et Tel Aviv 48. Un professeur à l'université de Loyola en Californie, prévient que si la moyenne des températures sur la planète gagne 3 degrés d'ici à 2100, le pourtour méditerranéen pourrait subir les plus fortes hausses. Les températures dans ces pays verront le mercure indiquer 4 à 7 degrés de plus. Il y aura une moyenne de 40 jours de canicule supplémentaires le long de l'Espagne, du Portugal, du sud de l'Italie et de la plupart des côtes sud et est de la Méditerranée. A l'intérieur des pays, il pourrait y avoir 20 à 30 journées insupportables de plus en Espagne et dans le sud de la France, et 10 à 15 ailleurs en Europe. Les spécialistes estiment, par ailleurs, que si l'augmentation des émissions de GES ralentit, les vagues de chaleur seront moins intenses, même si les températures augmentent assez pour nuire à la santé, à l'agriculture et à la stabilité économique.