Pontecorvo a su contourner la propagande, en signant un film mythique d'une force extraordinaire. Dans le cadre des activités prévues pour le rendez-vous avec le cinéma italien, l'ambassade d'Italie et l'Institut culturel italien, en collaboration avec MedFilm Festival, rendent hommage au grand cinéaste, Gillo Pontecorvo. Placé sous le haut patronage de Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture, et ce, dans le cadre de «Alger, capitale de la culture arabe» et à l'occasion du 45e anniversaire de l'Indépendance de l'Algérie. La cérémonie de clôture a eu lieu en présence de Mme la ministre, de M.Giovan Battista, ambassadeur d'Algérie en Italie et de Mme Maria Adele Pontecorvo veuve du cinéaste. Dans une brève allocution, Mme la ministre a rendu un hommage appuyé à Gillo, un cinéaste dont le nom «évoque dans l'esprit des Algériens, le fin sculpteur de l'histoire des résistances populaires et qui nous a laissé une filmographie attachante et combien digne d'éloges, de remerciements et de reconnaissances.» A cet effet, Mme la ministre a remis a Mme Pontecorvo un diplôme de reconnaissance délivré à titre posthume à Gillo Pontecorvo ainsi qu'un tableau représentant la Casbah qu'il a beaucoup aimée et qu'il a immortalisée dans le film la Bataille d'Alger. Gillo est issu d'une famille aisée, dernier de cinq enfants. Il est diplôme en chimie mais il a commencé aussitôt à travailler comme journaliste. Après la guerre pendant laquelle il a été partisan, il devient correspondant à Paris pour plusieurs journaux italiens. Sa passion pour la politique se croise avec celle du cinéma. Il commence bientôt à tourner des documentaires et des films longs métrages dont celui de La Bataille d'Alger. Dans ce film, il propose une reconstitution de la lutte qui opposa, à Alger, le FLN à l'armée française. Multipliant les points de vue et ponctuant son récit de documents historiques, Pontecorvo a su contourner l'écueil du parti pris et de la propagande et a signé un film mythique d'une force extraordinaire. C'est la naissance d'une Nation. C'est comme un fleuve souterrain qui ressurgit en pleine lumière ou comme une arme qui se charge pendant cent trente ans et finalement tire. La bataille d'Alger traite de la lutte pour le contrôle de la Casbah durant la guerre. Le scénario est inspiré de surcroît, du récit de l'un des principaux protagonistes de la bataille, en l'occurrence Yacef Saâdi. La Bataille d'Alger décrit l'impitoyable face-à-face entre la Zone autonome d'Alger, du Front de libération nationale (FLN), commandée par Yacef Saâdi justement et la 10e division parachutiste du général Massu. Un affrontement au coeur de la ville, entre une armée régulière et les moudjahidine implantés dans le tissu urbain. L'oeuvre en question est une référence car elle évoque les réalités d'un peuple qui a tant souffert pour son indépendance. Il a traité les événements avec une rare délicatesse et l'ensemble des défauts énumérés. Pas d'exploitation du thème qui demeure d'un bout à l'autre, grave et lyrique, pas de nationalisme rancunier et pas de concession au cinéma d'aventure. En général, l'oeuvre accorde une grande place au thème de la paix.