La Bataille d'Alger, l'œuvre mythique du réalisateur italien, Gillo Pontecorvo, retraçant les péripéties de la lutte armée dans la capitale durant la guerre de Libération nationale, était à l'honneur samedi dernier à Londres. Sa projection, dans une salle de cinéma à Russel Square, intervient dans le cadre d'une journée cinématographique intitulée “Révolution of the mind” (La révolution de l'esprit), mettant la lumière sur les mouvements révolutionnaires les plus illustres qui ont inspiré, à la fin des années 1960, les mouvements antiguerre et les cohortes d'opposants à l'ordre établi en Europe et aux Etats-Unis, dont mai 1968 en France. Outre La Bataille d'Alger, deux autres films ont été sélectionnés au cours de cette manifestation sponsorisée par The Herald Tribune et le magazine des spectacles Time Out. Le premier “Franz Fanon, Peaux noires, Masques Blancs” est un portrait poétique et audacieux du célèbre psychiatre, pourfendeur du colonialisme. Le moyen métrage de 70 minutes est le fruit d'une collaboration franco-britannique, datant de 1996. Le second produit est un drame satirique éthiopien, “La récolte de 1 000 ans” sur les déconvenues de l'ère postcoloniale dans ce pays. L'initiative de cette journée du cinéma révolutionnaire revient à James Neil, patron de Parallax Media, une boîte de production britannique créée il y a un an et ayant pour vocation de promouvoir le cinéma des pays du Sud, sous-représenté dans les grands festivals internationaux et le porter à la connaissance du public britannique. Parallax Media vient de se distinguer, par ailleurs, en mettant sous le feu des projecteurs, le quotidien et la condition des femmes d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, à travers une série de projections, intitulée “Le cinéma féminin, de Tanger à Téhéran”. Un certain nombre de productions liées à l'Algérie, ont été retenues, comme “Mémoires d'immigrées” de Yamina Benguigi. Ciné Lumière de l'Institut français de Londres a abrité l'événement en février dernier. Depuis vendredi dernier, il accueille “Le Cinéma s'insurge”, une nouvelle manifestation toute dédiée aux événements de mai 1968 et aux insurrections similaires en Europe durant la même période. Pour James Neil, l'empreinte de La Bataille d'Alger sur des mouvements contemporains, est incontestable. Le propriétaire de Parallax Media évoque un film “pertinent”, si pertinent que le président américain George Bush a demandé à ses troupes de le voir pour dénouer l'écheveau de la guérilla urbaine en Irak. S. L.-K.