Spéculateurs, intermédiaires nombreux et manque de marchés de proximité sont de la partie. Une production nettement insuffisante pour cette période de «soudure» entre la précédente récolte et le prochain arrivage programmé de 10.000 tonnes de pomme de terre de consommation, qui doit nous parvenir, notamment du Canada, constitue l'une des raisons données pour tenter d'expliquer la cherté du précieux tubercule qui nous nargue du haut de ses 65/70 dinars le kilogramme sur les étals de nos marchés. Cette explication, parmi d'autres, émane du président de la Commission nationale des gestionnaires de marché, de création récente, Rachid Bouziane, ainsi que de la part d'un important agriculteur de la Mitidja, qui a voulu taire son identité, présents tous deux hier à une conférence de presse animée par Hadj Tahar Belenouar, chargé de la communication au sein de l'Union des commerçants et artisans algériens (Ugcaa). A ce paramètre de manque de production, s'ajoutent d'autres facteurs non moins importants que sont les spéculateurs nantis qui achètent des champs entiers pour mettre au frigo les produits et les ressortir en temps «opportun», soit de manque d'une part, les intermédiaires trop nombreux mais aussi les marchés informels qui inondent le circuit, d'autre part. Certes, ces coûts reflètent la liberté des prix, mais celle-ci ne signifie pas non plus une anarchie qui a tendance à affaiblir encore plus le pauvre bougre de citoyen qui, il faut le dire, ne semble pas être bien préparé à une économie de marché telle qu'elle est conçue sous d'autres cieux. N'est-ce pas que le peuple a clamé tout haut le pic du prix de la pomme de terre lors d'un récent match de football de notre équipe nationale? Un système de prix planifiés et administrés ne conviendrait-il pas mieux à notre société, pour le moins, concernant certaines denrées alimentaires essentielles de base comme le sont actuellement le pain ou le lait? Il est permis de s'interroger là-dessus lorsqu'on constate que chaque année, une «crise» pareille s'installe dans nos marchés. Mais où est le contrôle de prix? Que font les services de régulation des marchés des ministères du Commerce et de l'Intérieur (wilayas)? Toutes ces interrogations formulées par les journalistes présents à la conférence n'ont trouvé que des réponses évasives ou du moins pas vraiment convaincantes. Celles-ci préconisent une multiplication de marchés de proximité pour accroître l'offre que suivra, obligatoirement, une baisse des prix. Les conférenciers se sont plaints aussi (à juste titre) d'un manque de régulation des marchés et d'une absence de données que doivent fournir, comme partout ailleurs dans le monde, les chambres de commerce agricoles sur les prévisions du marché de consommation sur tel ou tel légume ou fruit. Cette lacune entraîne, ont-ils souligné, un manque de prévision de culture qui puisse répondre à un marché plutôt irrégulier. Les cahiers des charges formulés selon des concepts des années 80, ont été fortement critiqués. Des consultations devraient, selon les conférenciers, se faire entre cultivateurs et mandataires ou encore détaillants pour maîtriser, un tant soit peu, un marché volatil où le consommateur, surtout au modeste revenu, ne sait plus comment garnir sa meïda. Il a été, aussi, suggéré un échange de surplus de production maraîchère avec les pays voisins ou même entre les wilayas du pays d'est en ouest. L'on a appris aussi de la bouche des conférenciers que des surproductions de pomme de terre et de tomate avaient été détruites, l'an dernier, pour maintenir les prix! Il faut signaler que le prix élevé des semences de pomme de terre à l'importation a atteint 80/120DA/kg et 35/40DA/kg pour la semence locale. Un espoir est permis, cependant, avec une prochaine baisse annoncée des fruits, notamment le raisin, qui vont être cédés à un prix raisonnable en attendant le Ramadhan, qui viendra en septembre, défier les prix...de la pomme de terre!