Alors que les prix de ce produit de base ont défié toute logique, il est temps de situer les responsabilités d'une flambée aux forts relents d'une spéculation féroce. «La production de la pomme de terre n'est pas entre les mains des agriculteurs, elle a été vendue aux intermédiaires et aux commerçants. C'est ce qui explique la situation actuelle». Faisant cette déclaration, Amar Assabah, le directeur de la régulation de la production agricole au ministère de l'Agriculture, dénonce la mainmise des intermédiaires qui font et défont le prix de la pomme de terre à leur guise. «Nous ne sommes pas responsables des intermédiaires. Si la pomme de terre est à 70 DA, c'est à cause d'eux», a-t-il ajouté dans son intervention, ce matin, à la Chaîne 3. En effet, l'Algérie, qui voit sa production passer de 12 millions à 21,5 millions de quintaux, est en bonne position pour satisfaire sa demande nationale. «Cela veut dire que nos agriculteurs maîtrisent bien la culture de la pomme de terre en faisant évoluer les rendements». Toutefois, la tension sur les prix provient «de cette période de soudure ou de l'arrière-saison dont la récolte se termine en juillet», fait-il savoir. Cela étant «la baisse du prix va se faire à partir du début de novembre car la production viendra des agriculteurs». Une allusion au contrôle qui va être entamé pour l'organisation de la filière avec les opérateurs, eux-mêmes qui vont devoir coopérer avec les autorités compétentes afin de limiter le «les dégâts de la spéculation». Par ailleurs le directeur de la régulation note que «les conditions de stockage de la pomme de terre sont insuffisantes, ce qui fait subir des pertes de marché à la production nationale». A ce niveau, ce sont surtout les «mauvaises conditions du froid (stockage ndlr) qui sont en déficit», ajoute-t-il. Par ailleurs, le représentant du ministère estime que «la production de la pomme de terre de semence est en pleine expansion, atteignant, l'année dernière, 160 000 tonnes». Le recours à l'importation a, en revanche, diminué ces dernières années. «Ce n'est pas intéressant pour les opérateurs de recourir à l'importation car les charges du transport et du conditionnement contribuent à une hausse des prix», souligne M. Assabah.