La pomme de terre fait encore des siennes, son prix a atteint les 70 dinars le kilo. Et, selon des observateurs du marché, le tubercule peut atteindre les 80 dinars. Les motifs de la hausse du prix de la pomme de terre en Algérie sont divers et les arguments multiples. Si certaines sources accusent les milieux de la spéculation, d'autres par contre estiment que la politique des pouvoirs publics pour stabiliser le marché n'a pas été à la hauteur. Et pour preuve, « même le déstockage massif des grosses quantités n'a pas donné les résultats escomptés », précise-t-on. « Il est vrai que les pouvoirs publics ont tenté de stabiliser le marché mais c'est compter sans la présence des spéculateurs de tous bords. Il apparaît aujourd'hui que l'opération de stockage n'a pas donné les résultats attendus. Force est de constater qu'elle n'a fait qu'enrichir ceux qui disposent d'aires de stockage acquises avec l'argent du PNDRA », fait-on encore remarquer. La capacité de production actuelle de la pomme de terre est de 120.000 tonnes et il faut trouver aujourd'hui des quantités à mettre sur le marché et aussi à stocker, précisent encore nos sources qui regrettent l'absence de semences ou leur rareté, ce qui met en colère les agriculteurs. Les autorités, de leur côté, et afin de calmer le marché, annoncent que les prochains arrivages de quantités importantes de pomme de terre sont attendus pour le mois à venir. Mais, faut-il le dire, le marché reste sourd à ce genre d'annonces. Au contraire, la spéculation ne connaît pas de limites. « Le stockage a enrichi les propriétaires des chambres froides au lieu de profiter aux producteurs », regrette-t-on. Les pouvoirs publics doivent encourager les vrais producteurs et agriculteurs qui souffrent en plus du manque d'engrais. Ces flambées ne sont assumées par aucune partie et chacun des acteurs concernés par la régulation des prix des fruits et légumes ne s'arrête pas de se jeter la balle et de dégager sa responsabilité. Le scénario se reproduit à chaque fois. Il faut dire que, durant ces deux dernières semaines, les prix de plusieurs fruits et légumes ont encore atteint des cimes. Pour preuve, en l'espace de dix jours, nous l'avons constaté suite à une tournée dans divers marchés de fruits et de légumes : le prix de la pomme de terre est passé de 45 à 65 DA. Dans certains quartiers d'Alger, les prix ont dépassé tout entendement. Le chou-fleur qui frôlait à peine les 55 DA, il y a de cela 15 jours, est cédé aujourd'hui à pas moins de 110 DA ! Le navet varie entre 60 et 70 DA alors qu'il avoisinait difficilement les 30 DA. Quant au kilo de cardes, son prix vient de doubler ces deux dernières semaines puisque de 20 DA, il est passé à 40 DA. Le céleri a battu également tous les records. Et pour cause, il faut débourser au moins 95 DA pour en acquérir un seul kilo ! Que faire alors dans un pareil contexte pour nourrir sa famille et ses enfants ? Pour répondre à cette question qui hante jour et nuit les esprits des bourses modestes, nos citoyens, notamment les plus pauvres, se rabattent désormais sur les produits avariés. En effet, dans les nombreux marchés de fruits et légumes que comptent Alger et ses environs, les marchands exposent, sans la moindre gêne, sur leurs étals divers produits avariés qui ne manquent pas d'attirer l'attention des consommateurs. En réalité, ces commerçants, mus par leur cupidité, qui se livrent à des activités préjudiciables à la santé publique en vendant des légumes et des fruits avariés, ne font guère de leur besogne un cas de conscience. Et pour séduire les plus réticents, ils n'hésitent pas à brandir leur arme fatale : des prix cassés. De son côté, la population, surtout la couche analphabète ou ceux qui ont un niveau de revenus très bas, est de plus en plus nombreuse à se rabattre sur ces produits à cause de leurs prix abordables. Pour revenir à la pomme de terre, un produit très prisé par les Algériens, pour prochaine récolte, l'on s'attend à un rendement inférieur à celui de la campagne précédente à cause de problèmes liés aux engrais et au manque de semences ayant marqué la période de plantation. L'Algérie importe chaque année 120.000 tonnes de semence de pomme de terre. Le stockage devait servir à couvrir les périodes creuses. Mais les opérateurs sollicités pour aider à stabiliser le marché ne jouent pas le jeu. En tout cas, si la situation perdure, les services du ministère de l'Agriculture promettent de frapper fort. Une source de ce département nous a révélé que des équipes de contrôle des chambres froides pourraient faire des tournées à travers plusieurs régions du pays. Des sanctions seront prises en cas de constatation de dépassement. Est-ce suffisant ? Dalila B