Sous le patronage du wali de Tizi Ouzou et en collaboration avec la direction de la culture et l'APW de Tizi Ouzou ainsi que l'APC de Timizart, l'association culturelle Yusef U Qasi et l'association culturelle Si Muh U M'hand, organisent la 5e édition de la poésie amazighe à Timizart du 15 au 24 juillet. Un riche programme est concocté le premier jour. Après l'accueil des participants et l'installation de l'exposition, un recueillement est également prévu avec dépôt de gerbe de fleurs sur la tombe de Yusef U Qasi. La même cérémonie se déroulera au même moment sur la tombe de Si Muh U Mhand à Aïn El Hammam, plus précisément à Asquif Ntemana. Plusieurs activités viendront rehausser cette manifestation avec des récitals de poésie, des communications, des fresques avec pour thème «Autour de Si Muhand», des visites historiques, ainsi que des soirées théâtrales. Yusef U Qasi ne sera pas oublié: une incursion dans sa vie et sur son itinéraire. Ces activités sont programmées au village d'Igherbiène, pour la journée de mardi. Si Muhand U M'hand est né à Icheraouiène, dans ce qui fut la confédération de Tizi Rached, semble-t-il, au cours de l'année 1845. Une gangrène au pied l'emporta en 1906 à l'hôpital de Aïn El Hammam. Si M'hand a goûté aux affres de la vie en commençant par assister à l'exil intérieur des siens qui durent quitter Icheraouiène pour fuir une vendetta. Plus tard, ses parents, qui ont participé à l'insurrection de 1871, furent durement réprimés par l'occupant. Si M'hand lui-même, ne doit la vie sauve que grâce à l'intervention d'un officier français qui jugeait «la mort du jeune inutile». Les biens de la famille furent séquestrés et voici M'hand et ce qui reste de sa famille livrés aux tourments de l'existence. Par la suite, après avoir dilapidé le peu dont il a hérité, il parcourt la Kabylie d'abord, puis l'Algérois et Annaba pour se retrouver en Tunisie. Vivant d'expédients, Si M'hand, avant de s'éteindre, a composé de magnifiques poésies laissées à la légende et parvenues jusqu'à nous grâce, justement, à la beauté des vers et à la justesse des mots. Une prouesse de la tradition orale. L'autre géant de la poésie amazighe est, sans conteste, Yusef U Qasi, lui aussi de tradition orale. Yusef U Qasi est né vers 1680 dans la confédération des Ath Djennad et serait décédé au cours de la moitié du XVllle siècle. Yusef U Qasi fut beaucoup plus qu'un poète ou amusnaw, au savoir oral étendu et pratique, touchant à de nombreux sujets: c'était un Afsih possédant l'art de bien dire. Des témoignages colportés par la tradition orale attribuent à Yusef U Qasi une éloquence telle qu'il a pu empêcher la guerre entre les Ath Djennad et une tribu voisine. Mouloud Mammeri raconte dans les poètes kabyles anciens, des pages merveilleuses sur Yusef U Qasi. Lors de cette manifestation, les Ath Djennad et les Kabyles en général, rendront un hommage appuyé aux deux géants de la poésie orale.