Le Festival du théâtre amateur de Mostaganem continue son petit bonhomme de chemin en rendant plus visible le patrimoine culturel algérien, dans le sens large du terme. En effet, le spectacle de lundi dernier nous a fait découvrir la troupe Anaouaris (Les mouettes) de Blida dans Sarkhat Orphilia (le cri d'Orphilie), une pièce adaptée du texte de Khezal El Madjidi (Irak) par Kamel Attouche, inspiré de la tragédie shakespearienne. Elle est de type classique. Hamlet est absent sur scène, mais il est, omniprésent dans le jeu qui s'illustre dans son interprétation, parce que ce cri dévoile les enjeux et fait apparaître les malédictions. Mais la rédemption de la mère de Hamlet est une étape dans l'hypothèse d'un nouveau récit de M.Khezal, car Horacio s'est évadé d'une amère réalité et Hirte l'a liquidé avec une arme parentale. Claudio s'est reconverti en pharaon dans sa monarchie. Orphilia vit une tragédie pleine de turbulences et de conflits. Ce tourbillon, de cette tragédie shakespearienne a fait transformer l'oeuvre de Khezal, vers une autre vision dans un autre contexte dont l'objectif est de définir et revaloriser l'humanité. Le spectacle est assez réussi, les acteurs ont montré avec efficacité leur savoir-faire. Ils ont puisé leur inspiration dans un théâtre symboliste, tant dans son écriture dramatique que scénique. L'action dramatique est pleinement exprimée par la gestuelle et l'expression du visage. L'intensité fait ressortir les sentiments. Il y a également un sentiment d'oppression qui s'étale tout au long de la pièce et qui pèse lourdement sur la scène. Ce sentiment rend sensiblement compte de cette tragédie humaine. Les couleurs et les formes sont d'une sombre scénographique et le texte est en arabe académique, cet outil de communication est le seul handicap dans cette représentation pour émettre à tous ces curieux et mordus du 4e art, les messages d'une oeuvre tant travaillée. Car la grande majorité du public qui n'est que la partie réceptrice, n'est vraiment pas au diapason avec le spectacle, vu l'outil de communication choisi. Il est vrai, qu'en mettant la main à la pâte dans la gestion et la promotion de cette génération pleine de talents on s'imprègne davantage du fait théâtral dans toutes ses dimensions.