La réunion de Yakouren constituait, en quelque sorte, le tout pour le tout d'une organisation aux abois et dont les chefs subissent toujours les retombées des attaques kamikazes du 11 avril 2007. Qu'ils soient soixante dix ou cent, le nombre de terroristes assiégés depuis déjà une semaine dans la région de Yakouren en Kabylie, n'a aucune importance à l'heure actuelle. Qu'à cela ne tienne. Sur le plan tactique et logistique, la consistance numérique de ce regroupement terroriste intéresse le haut commandement de l'Armée nationale populaire pour des raisons propres au terrain. Mais l'on retiendra, surtout, que c'est la première fois, depuis des années, qu'un aussi important regroupement est signalé. Selon des sources sécuritaires, il était prévu dans la wilaya de Boumerdès. Cependant, Droukdel et ses émirs ont dû revoir leur choix après que l'étau se soit resserré sur leurs troupes dans cette région. Harcelé par ses proches collaborateurs qui lui reprochent son autoritarisme, Droukdel savait que le Gspc était miné de l'intérieur et est menacé d'implosion. Le retrait de Hattab et la disponibilité annoncée de Ben Mokhtar à négocier sa reddition ont fini par jeter le trouble dans cette organisation terroriste dont plus de la moitié des éléments, nous est-il assuré, n'approuve pas les attaques kamikazes. Après avoir rallié Al Qaîda, Droukdel était conscient de l'urgence d'une réunion afin de colmater les fissures. Le choix de la région de Yakouren n'est pas fortuit. Elle assure de nombreuses zones de repli et en cas d'offensive des forces de sécurité, la nature du terrain,qui constitue un avantage pour les terroristes, rend necessaires des moyens matériels et humains colossaux. Alors, l'attaque du cantonnement de Yakouren, samedi 14 juillet, a-t-elle été mal calculée? Ou a-t-elle été décidée dans le feu de l'action meurtrière perpétrée contre une caserne à Lakhdaria? Toujours est-il qu'après cette attaque avortée, c'est le regroupement tout entier qui s'est vu encerclé par les forces de sécurité mobilisées en permanence, et en alerte maximum depuis la neutralisation, début de l'été, d'un émissaire de Droukdel dans la région de Skikda. Apparemment, Droukdel et ses acolytes pensaient qu'avec le renforcement des mesures de sécurité à Alger et ses environs à l'occasion de la venue du chef de l'Etat français et la tenue des Jeux africains, il leur serait aisé de tenir leurs «assises» dont les objectifs sont clairs: réorganiser le groupe, planifier des attaques contre les forces de sécurité pour récupérer le maximum d'armement, neutraliser les récalcitrants car ils sont nombreux à être soupçonnés de velléités de reddition. Pris au piège d'Al Qaîda et de sa propre mégalomanie, Droukdel est un homme que l'on dit aux abois. Même l'apport d'une dizaine de terroristes marocains, qui ont rejoint dernièrement le groupe, n'arrive pas à lui faire oublier qu'il est de plus en plus isolé. On lui reproche, entre autres, d'avoir privilégié quelques terroristes, dont le fils d'Ali Benhadj. A propos de ce dernier, on croit savoir qu'il n'est pas à Yakouren et que même s'il y était, tout serait fait pour l'évacuer lui et certains émirs, pour lesquels les autres devraient se sacrifier. C'est aussi ça la loi des maquis. Aveuglé par sa folie meurtrière, Droukdel n'a qu'un seul objectif: devenir le Zarqaoui maghrébin. Pour cela, il est prêt à tuer même ses proches collaborateurs. Pour le moment, il joue la carte d'un certain Abdelkahar Benhadj, mais jusqu'à quand? Son groupe est ébranlé et ses éléments sont abattus psychologiquement. La réunion de Yakouren constituait, en quelque sorte, un coup de poker, ou le tout pour le tout, d'une organisation aux abois et dont les chefs subissent toujours les retombées des attaques kamikazes, du 11 avril 2007. A partir de Yakouren où Droukdel comptait même déplacer son quartier général, le Gspc par la tenue d'un conseil national consultatif», qui devait lui permettre d'étudier tous les contours de sa stratégie, revoir sa situation, nommer de nouveaux émirs, retracer sa cartographie, cibler les principales villes du pays où il comptait perpétrer des attentats spectaculaires à l'orée du mois sacré de Ramadhan. A Yakouren, Droukdel, qui avait adressé des correspondances à tous ces chefs terroristes pour la réunion, cherchait à obtenir l'unanimité autour de lui. Mais nombreux sont les terroristes qui n'ont pas complètement évacué de leur esprit l'idée de se rendre, c'est donc peut-être à Yakouren que prendra fin le Gspc et ses chefs sanguinaires. D'autant plus que d'après des sources bien informées, plusieurs émirs venus au conclave de Yakouren, sont encerclés dans les hauteurs de cette région. C'est dans ce haut lieu de la guerre de Libération nationale que l'Armée nationale populaire donnera le coup de grâce au Gspc-Al Qaîda-Maghreb. ALN et ANP, c'est toujours le même combat.