Le ministère afghan de la Défense a démenti, hier, l'organisation d'une opération pour libérer les otages sud-coréens. La confusion était totale, hier, autour d'une opération militaire qui aurait été organisée par les forces afghanes et internationales avec pour objectif de libérer les 23 évangélistes sud-coréens détenus en otage par les taliban. Ceux-ci menaçaient de tuer leurs otages sud-coréens en donnant un ultimatum qui expirait hier (19h GMT) pour que soient libérés 23 militants taliban détenus dans les geôles afghanes. Dans un premier temps, un communiqué du ministère afghan de la Défense avait indiqué que «L'armée afghane, la police, les services de renseignements et les forces internationales ont lancé une opération conjointe dans le district de Qarabagh, dans la province de Ghazni (140km au sud de Kaboul), pour libérer les otages sud-coréens». Toutefois, la coalition n'a pas été en mesure de confirmer, dans l'immédiat, l'information, mais le porte-parole de la force internationale, Chris Belcher. avait affirmé dans une déclaration aux agences de presse: «Nous sommes prêts à soutenir les forces afghanes et le gouvernement sud-coréen mais nous ne sommes pas impliqués pour le moment dans une opération». En fait, il y a eu beaucoup de déclarations contradictoires autour de cette affaire qui s'est compliquée par le démenti du ministère afghan de la Défense qui a dénié, en milieu de journée, avoir organisé une quelconque opération en vue de libérer les otages sud-coréens détenus par les taliban. «L'opération n'a pas encore commencé, il doit s'agir d'une erreur informatique», a sobrement déclaré le porte-parole du ministère de la Défense, Zahir Murad, en faisant référence au communiqué publié un peu plus tôt dans la journée d'hier par le ministère. D'ailleurs, hier, le gouverneur de la province de Ghazni (sud) ainsi que les porte-parole de l'Otan et de la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis ont dit qu'ils n'avaient pas connaissance d'une telle opération. C'est là une affaire à tout le moins extravagante. Alors que des vies humaines sont en jeu, ce cafouillage montre un désarroi certain des autorités afghanes face à la montée en puissance des taliban qui, depuis le début de l'année, ont fait des enlèvements une véritable industrie qui leur assure une visibilité médiatique. En fait, le tapage fait autour des enlèvements des étrangers plus d'une vingtaine ont été kidnappés depuis janvier dernier dont le journaliste italien Daniele Mastrogiacomo, reporter de La Repubblica, enlevé dans la province d'Helmand avec son interprète afghan (ce dernier ayant été exécuté), Céline Cordelier et Eric Damfreville, deux volontaires français de l'ONG Terre d'enfance et leurs trois guides afghans enlevés dans la province de Nimroz - a largement contribué à redonner aux taliban une réalité qui s'était quelque peu estompée suite aux coups de boutoir des forces internationales et de l'armée afghane. Le 18 juillet, deux ingénieurs allemands étaient enlevés par les rebelles afghans qui exigeaient, en échange de leur libération, le retrait des 3000 soldats allemands présents en Afghanistan dans le cadre des forces de l'Isaf (Force internationale de soutien, placée sous l'égide de l'Otan). Le 19 juillet, ce sont 23 évangélistes chrétiens sud-coréens (dont 18 femmes, selon les autorités de Séoul) qui sont enlevés, les taliban réclamant la libération de 23 des leurs en échange de l'élargissement des Sud-Coréens. Samedi, les taliban annonçaient avoir exécuté les deux ingénieurs allemands. Mais, selon Berlin, l'un est effectivement mort, mais d'une crise cardiaque, le second, en revanche, serait toujours en vie. Hier, aucune information n'est venue confirmer ou infirmer ce qui s'est dit ces dernières heures autour du sort des Allemands qui demeure, en fait, inconnu. Dans le même temps, la situation s'est accélérée autour des otages sud-coréens après l'ultimatum des taliban donnant aux autorités afghanes jusqu'à 19h (GMT) hier pour libérer les militants emprisonnés, menaçant d'exécuter les 23 Sud-Coréens. En fait, la prise d'otage a rarement servi de monnaie d'échange aux taliban, ceux-ci ont toujours fini par libérer, en général, leurs otages étrangers (même si les interprètes afghans pris en même temps sont, en revanche, souvent tués), comme cela a été le cas pour le journaliste italien et les deux volontaires français mais sert plutôt de support médiatique par le traitement qu'en en font les médias internationaux et par l'émotion que suscite ces kidnappings dans les pays des otages. Dès lors, la prise d'otage est devenue une affaire de marketing politiquement rentable pour les taliban dans le même temps où les enlèvements mettaient sous pression et en porte-à-faux le gouvernement afghan et les forces de la coalition. Hier, les autorités, par le biais des chefs de tribus, négociaient la libération des otages sud-coréens. Les taliban, qui ont repoussé de 24 heures leur ultimatum, mettaient cependant en garde contre toute tentative de libération des otages par la force, ce qui aurait, assurent-ils, pour conséquence l'exécution des 23 évangélistes sud-coréens.