Jamais cette ville n'a connu une marche de cette taille. La coordination des communes de la daïra de Tigzirt a organisé hier, une marche populaire qui a drainé des dizaines de milliers de citoyens de tous âges. La marche s'est ébranlée du cinéma Mizrana vers 13h. C'est une marche historique. Jamais cette ville n'a connu une marche de cette taille. Des dizaines de milliers de voix scandaient à l'unisson des slogans hostiles au pouvoir, tels : «Ulac smah ulac», «Pouvoir assassin», «Nous sommes déterminés, la satisfaction totale ou rien» ou «Ulac l'vote ulac» (pas de vote). Outre ces slogans, des chants de gloire à la mémoire des martyrs du printemps noir, ont été entonnés en choeur à travers les artères de cette ville côtière. A cette grandiose marche ont pris part aussi les délégués de l'interwilayas des ârchs et les familles des victimes du printemps noir, à leur tête, le père du jeune Guermah Massinissa, première victime des événements vécus par la Kabylie. Cette marée humaine a eu comme point de chute, le stade communal de cette ville, où un grand meeting a eu lieu. Il a été animé par les délégués locaux et ceux de l'interwilayas. Dans leurs interventions, les délégués ont exhorté la population à rejeter totalement et pacifiquement les prochaines élections législatives. Selon eux, «ce pouvoir mafieux et assassin s'engouffre toujours dans sa politique de mépris et d'arrogance vis-à-vis de notre population meurtrie dans sa dignité et dans sa chair». Et un autre d'enchaîner: «Nous refusons, d'une façon totale, la vente concomitante cachant maladroitement des desseins bassement électoralistes». En même temps et un peu plus bas, des centaines de jeunes téméraires ont lapidé la brigade de la gendarmerie de la ville. La gendarmerie riposte par des bombes lacrymogènes pour disperser ces jeunes surexcités. L'intervention active des membres de la coordination locale a été vaine. Pour M. S. Zeroual, délégué de cette coordination, «ces émeutes ont été déclarées par les ennemis de notre mouvement, uniquement pour saboter notre action d'aujourd'hui qu'on veut pacifique». Il est à signaler qu'au moment où nous mettons sous presse, dans cette ville balnéaire, le meeting et les émeutes continuent.